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Le goût du lait

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Je crois que je devais avoir six ou sept ans quand le camion de la ferme a cessé de passer dans notre quartier pour vendre ses produits, pourtant, je m’en souviens bien. C’était un Citroën, ceux en tôle ondulée. Il passait une fois par semaine, s’arrêtait sur la petite place où nous vivions – à l’époque, c’était encore une pelouse où se réunissait un club canin tous les dimanches, maintenant c’est un crottoire en terre battue – il klaxonnait, ouvrait sa porte latérale et on allait lui acheter sa production.
Il vendait des légumes, qui étaient posés en tas, à même le sol de la camionnette, et il vendait du beurre et du lait. Le beurre n’était pas découpé en briquette : c’était une grosse motte très jaune l’été et plus pâle l’hiver, dans laquelle on découpait des livres et des demi-livres à la spatule. Le lait était gardé dans un immense pot à lait, et le monsieur nous remplissait notre réplique miniature à la louche. Je n’ai pas souvenir que le lait été réfrigéré. Par contre, je n’ai jamais oublié son odeur quand on le faisait bouillir. J’adorai rester juchée sur une chaise pour regarder la peau se former sur le dessus de la casserole. On récupérait ce gras, et on le mangeait sur une tartine. Le lait chaud, on le buvait le matin ou le dimanche soir.

Mais un jour, la camionnette a cessé de venir, et on a acheté du lait en brique. Tout le monde avait l’air de trouver ça plus pratique, mais très vite, j’ai oublié le goût du lait. Il aura fallu bien des années avant que je ne retrouve cette saveur forte et grasse. C’est d’ailleurs à la première gorgée de lait depuis que m’est revenu le souvenir de la camionnette.


Une boutique de rêve

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Bien des années après avoir quitté cette petite ville de Provence, je me souvenais encore de cette petite boutique de livres d’occasion située dans une ruelle tortueuse. Rien, nulle part, n’en indiquait la direction. On arrivait là en se promenant dans cette vieille cité, au hasard des traverses où les sommets des hautes et étroites bâtisses semblaient s’être rapprochés au fil du temps. Le soleil n’atteignait jamais les pavés, et on venait chercher là un peu de fraîcheur – toute relative – lors des chaudes journées d’été.

On pénétrait dans cette échoppe par une porte vitrée gravée de lettres gothiques dorées. Une cloche tintait et on découvrait alors un incroyable labyrinthe de piles bancales de vieux ouvrages et d’autres plus récents dans une toute petite pièce surchargée en son centre d’étagères. On ne pouvait circuler entre elles que de profil, en veillant à ne pas même effleurer les amoncellements de livres posés à même le sol. Il y avait là les livres d’histoire, entreposés jusqu’aux poutres sombres et massives du plafond. À gauche de cette pièce, en face de la porte, montait un escalier de bois vermoulu qui grinçait à chaque pas. Contre le mur, tout le long de cet escalier, sur des étagères bancales, on trouvait les récits de science-fiction, et sur la mezzanine pas moins encombrée que la pièce du bas, les livres de littérature générale. Dans toute l’échoppe flottait une odeur de poussière.

Le bureau surchargé de vieux papiers du bouquiniste était au fond de la boutique, au rez-de-chaussée. C’était un meuble massif en acajou recouvert d’un sous main en cuir brun sur lequel trônait une lampe de juriste qui diffusait sa lueur glauque dans cette sombre boutique sans autre éclairage. Le bouquiniste lui-même avait l’air aussi âgé que sa boutique. Il portait de petites lunettes aux verres épais cerclés de métal sur un nez qu’il avait proéminent et sous des sourcils broussailleux. Il ne levait le nez de sa lecture en cours qu’à contrecœur et juste le temps d’encaisser le prix des livres qu’on achetait. Je n’ai jamais entendu le son de sa voix : dans le meilleur des cas, il se contentait de grommeler à l’entrée d’un client. Quel que soit le livre qu’on cherchait, on le trouvait toujours chez lui, pas toujours en bon état et systématiquement poussiéreux. Mais il fallait le chercher soi-même dans le classement foutraque de la boutique : le propriétaire ne répondait jamais aux questions qu’on pouvait lui poser, trop absorbé qu’il était par ses propres lectures.

Quelques années après avoir quitté cette petite ville, le hasard m’y mena de nouveau. Je décidai donc de retourner dans cette bouquinerie bien fournie. J’arpentai les rues et les traverses un long moment sans jamais retrouver la boutique ni rien qui lui ressembla, alors qu’aucune rénovation n’avait été réalisée entre-temps dans ce vieux centre bourg. Je retrouvai bien l’étroite ruelle en question, mais de la boutique : nul signe. Après un long moment à errer ainsi, je questionnai une vieille dame qui passait par là. Elle me soutint que jamais à sa connaissance il n’y avait eu de bouquiniste dans ce quartier où elle était née. Je la laissai partir et interrogeai un autre passant qui me fit la même réponse.

Je me questionnais longtemps à ce sujet. Ne croyant guère aux boutiques magiques qui disparaissent, je dus me rendre à l’évidence : j’avais rêvé l’existence de cette bouquinerie avec une telle force que son souvenir c’était installée dans ma mémoire comme n’importe quel lieu bien réel.


Chansons populaires de l’ère Showa, Ryû Murakami

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L’ère Showa signifie littéralement « ère de paix éclairée ». Elle s’étend tout au long du règne de l’empereur Showa, plus connu chez nous sous le nom de Hirohito, de 1926 à 1989. Celles et ceux qui connaissent un peu (ou beaucoup) l’œuvre de Ryû Murakami se doutent déjà qu’il ne s’agira pas ici d’un roman historique et encore moins de paix éclairée. Quant aux chansons populaires, on aura aucun mal à comprendre qu’on parlera beaucoup dans ce roman de karaoké.

C’est bel et bien à un conflit armé auquel nous allons assister. Il oppose un groupe de jeunes hommes et un autre de femmes trentenaires. Ces deux groupes ne manquent pas de points communs, et en premier lieu d’être un assemblage improbable d’humains n’ayant rien d’autre à partager ensemble qu’une profonde solitude. Si les unes et les autres passent du temps réunis, ils ne sont pas pour autant ensemble, chacun parlant seul pour lui-même au sein du groupe, hormis les chansons populaires. Une pulsion, un passage à l’acte, et c’est l’escalade de violence.

Il n’y aura bien que cette violence pour créer de véritables liens entre les membres de chaque groupe.

Ryû Murakami ne perd nullement ici son regard cynique, désabusé sur la société nippone. Nulle chaleur n’existe entre les individus, et l’ensemble de la société est globalement indifférente, quoique les hommes sont au moins unis dans leur haine des femmes. Si l’on voulait tracer un parallèle un peu hasardeux, on pourrait dire que Ryû Murakami est au Japon ce que James Ellroy est aux États-Unis.

Pourtant, ici, la façon même dont la violence se décuple est si exagérée qu’elle en devient comique, du moins pour quiconque apprécie l’humour noir.

Sans être un chef-d’œuvre et malgré les références musicales qui ne peuvent être comprises que par les seuls Japonais, Chansons populaires de l’ère Showa reste un bon roman à découvrir.

NdT : aux éventuels lecteurs qui, comme moi, se sont demandés ce que signifiait le mot « cachinnation » qui apparaît par deux fois dans le récit, je l’ai finalement retrouvé, après bien des recherches, dans un dictionnaire de la psychiatrie et je vous en livre la définition :  » Rire forcé sans rapport avec l’état psychologique ».


Ghost Dog de Jim Jarmusch

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Jim Jarmusch est un drôle de type et on le savait déjà depuis Dead Man, film étrange, lent et ne ressemblant qu’à lui-même. Ghost Dog n’est pas moins décalé. Le film s’ouvre sur une musique minimaliste et néanmoins immédiatement reconnaissable de RZA. Puis l’excellent Forest Whitaker apparaît en samouraï des temps modernes.

Ici, les « gangstas », quand ils ne font pas paisiblement de la musique sur les bancs d’un parc, jouent aux échecs et semblent tous obéir au code des samouraïs : ils sont calmes, polis, paisibles, même. Les mafieux italo-américains regardent des dessins animés. Le seul ami du héros parle en français, si bien que ces deux inséparables sont incapables de se comprendre. Whitaker est un tueur grand amateur de littérature.

Quoique la forme du film soit on ne peut plus formelle, à bien y regarder Jarmusch brise tous les codes des films de gangsters, toutes les représentations habituelles des noirs américains new-yorkais, le seul repère traditionnel à ce sujet restant la musique.

L’ensemble donne un très bon film qui joue avec les clichés pour mieux les déconstruire, porté par un acteur qui en deviendrait presque agaçant à force d’être si juste. A voir Forest Whitaker, je rêve d’un réalisateur qui aurait l’idée et le cran de le faire jouer dans une adaptation contemporaine de Shakespeare : cet acteur ferait définitivement un excellent Macbeth.

 


France Inter, Paris parle.

Écouter le service public radiophonique quand on habite en milieu rural, c’est un peu du masochisme, mais c’est surtout avoir chaque jour envie de pendre au moins l’un des animateurs avec son micro du haut de la Tour Eiffel.
Pas un jour sans que ne s’étale leur parisianisme condescendant, leur mépris le plus profond pour tous ceux qui composent le paysage humain de nos campagnes. De l’agriculteur au chasseur en passant par l’élu d’une petite commune affublé d’un accent qui semble écorcher les oreilles de ces intellectuels de mes deux, tous n’ont droit qu’à l’étalage de lieux communs sur un univers qui n’a jamais existé que dans leur imagination urbaine. Ces foutus gauchistes bon teint se demandent parfois pourquoi la campagne vote plus volontiers à droite : c’est très simple. Jean-Pierre Pernault, lui, s’intéresse aux habitants des campagnes. Ne vous en déplaise, et malgré le peu de respect que j’ai pour son travail dans son ensemble, il est l’un des rares à en montrer une image respectueuse et même positive. RTL leur parle en oubliant d’étaler en permanence leur mépris, sans user sans cesse du terme de « province ».
Messieurs et dames de France Inter, sachez que l’empire romain a disparu il y a longtemps : Paris n’est pas une Rome moderne, la province n’existe plus depuis longtemps.
Les gens de nos campagnes votent volontiers à droite, parce que vous, fonctionnaires des ondes, n’avez pour eux que des regards hautains et des commentaires insultants.

 


Le Prince et le Pauvre – Mark Twain

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Le thème du Prince et du pauvre est on ne peut plus classique : un jeune prince qui rêve de liberté propose à un enfant miséreux qui rêve de grandeur d’échanger leurs places le temps d’une journée. L’habit faisant le prince, personne n’y verra goutte. Mais les aléas de la pauvreté transformeront la journée en longues semaines.

Si le propos n’est pas original, c’est la façon dont Mark Twain s’en est saisit qui l’est. Car Mark Twain l’américain pose son décor à la cour du très anglais Henri VIII, dans les rues crasseuses de Londres au XVIe siècle et dans les forêts malfamées alentours. Son souci du détail nous plonge dans cet univers historique sans lésiner sur les ors de la royauté ni les puces de la pauvreté. On s’y retrouve plongé tout entier comme si l’auteur décrivait simplement ce qui l’entoure. Et bien évidemment, le récit est support à questionnements : que connaissent les puissants de l’impact des lois qu’ils promulguent ? Comment réagirait le commun des mortels s’il avait le pouvoir entre ses mains ? La corruption du pouvoir est-elle inéluctable ?

Mark Twain était trop intelligent pour avoir une vision manichéenne des choses, aussi évite-t-il ici l’écueil qui aurait consisté à faire des pauvres les bons et des puissants les méchants. Passant au travers cela, il nous livre un récit admirablement bien écrit, terriblement bien documenté – jusqu’à l’argot des voleurs – , vivant et sans niaiserie.

Souvent proposé aux jeunes lecteurs, Le Prince et le Pauvre pourra tout autant plaire aux adultes.


Le Dahlia noir – James Ellroy

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Habituellement, je ne lis pas de romans noirs : la lecture quotidienne de la presse me fournit mon lot d’horreurs et je ne ressens aucun besoin d’en rajouter. Mais James Ellroy me semblait si incontournable et le sectarisme littéraire si mesquin que je me suis résolue à ouvrir son œuvre la plus célèbre, le fameux Dahlia Noir. Et je l’ai pas regretté, quoique je m’en serais sans doute abstenue si j’avais eu connaissance du contenu exact de ce roman. C’eut été dommage.

Il n’y a pas à tergiverser : Ellroy a un vrai style d’écriture. Il commence par prendre son temps, pose son décor, donne chair à ses personnages et pendant le premier quart du livre, rien d’horrible à signaler. On comprend vite que les protagonistes sont ambigus, qu’on ne verra au fil des pages ni méchants ni gentils mais bien des humains presque palpables à force d’être crédibles. Et puis survient le pire. Un crime, évidemment puisque nous sommes dans un roman noir, mais un crime d’une atrocité telle qu’on pourrait la croire seulement possible dans l’imagination de l’auteur. Pas de bol, cependant, l’auteur s’est bien appuyé sur un fait réel, et voilà qui rend l’atroce insupportable.

Arrivé à ce stade du roman, on se dit qu’on a passé le pire : les flics vont faire leur boulot bien sagement, trouver le meurtrier et tout ira bien. Quelle naïveté ! Arrivé là, Ellroy nous promène de l’infâme à l’intolérable, du barbare au monstrueux, comme si son récit n’avait d’autre but que d’étaler sous nos yeux ébahis ce que l’humain peut porter de pire en lui.

Oui, vraiment, le Dahlia Noir est un livre à la limite du supportable. Pourtant, on y revient. Impossible de se dire qu’on a atteint un trop plein, qu’on va en cesser la lecture. Non : c’est beaucoup trop bien écrit pour ça. Une fois lancé dans l’engrenage de l’horreur, il nous faut aller jusqu’au bout si on veut espérer pouvoir en sortir vraiment. On sent bien que si on ne le lit pas jusqu’à la dernière page, le Dahlia noir nous obsédera comme il obsède les personnages du livre.

On pourrait envisager de dire aux âmes sensibles de s’abstenir, mais ça serait les priver d’une expérience littéraire unique.

 

 


Le Minotaure 504 – Kamel Daoud

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Sans être une spécialiste de la littérature algérienne, je n’en suis pas non plus à mon premier roman francophone d’Algérie et à chaque découverte d’une nouvelle œuvre, je suis de la même façon marquée par la violence, le cassant des mots.

Alors que la littérature française contemporaine se complaît dans la reproduction à l’identique, ou presque, d’histoires sans âme dégoulinantes de bons sentiments, Kamel Daoud tranche dans le vif de son propre pays avec la parfaite maîtrise d’une langue que Yacine Kateb considérait comme une prise de guerre. On découvre un pays désabusé, désœuvré, engoncé dans un passé pas si glorieux, où les anciens pérorent sur la guerre de Libération sans égard aucun pour la nouvelle génération qui ne l’a pas vécue. On comprend entre les lignes pourquoi ce pays accepte un président fantoche et fantôme sans broncher, pourvu qu’il soit de ceux qui ont jadis combattu les colons. On palpe l’impossibilité pour la jeunesse de construire un avenir qui ne soit pas dicté par ces vieux qui ressassent encore et encore leurs faits d’armes réels ou fantasmés, dépassés qu’ils sont par l’avancée du monde.

En quatre nouvelles, on cerne les grandes lignes de la psychologie d’un peuple : Le Minotaure 504 est une œuvre courte mais percutante, sans concession ni mièvrerie. Celles et ceux qui connaissent déjà les articles de presse de Kamel Daoud ne seront pas surpris de sa liberté de ton, celles et ceux qui ne sont pas encore des lecteurs assidus de ses chroniques ne manqueront pas, après la lecture de ce livre, de s’y pencher sans être (trop) surpris de son non-alignement face aux pensées dominantes.

Voilà en tout cas un auteur dont je n’oublierai pas le nom et dont je guetterai les prochaines publications.


Dystopie du Djihad.

Après quelques années d’une guerre aussi brève qu’efficace, aidés tant par quelques riches états que par l’inaction des pays occidentaux, les djihadistes ont pris le contrôle du monde. Leur drapeau noir flotte sur la Maison Blanche, du moins sur ce qu’il en reste. Israël a été rayée de la carte, tous les juifs du monde ont été décapités et leurs têtes exposées aux entrées des villes jusqu’à ce qu’il ne reste que des crânes blanchis. Les deux tiers de la population occidentale ont été méthodiquement exécutés. Washington, Paris, Berlin, Londres et Sydney ont été nettoyées au gaz sarin. Tous les temples autres que les mosquées ont été dynamités. Dans chaque ville, on ne trouve plus sur les marchés que les produits autorisés par le Grand Calife du Monde. Cochons et sangliers ont disparu des étals comme des fermes et des forêts. Les parfumeries et les fabricants de déodorant contenant de l’alcool ont été incendiés au même titre que les brasseries et distilleries. Les vignobles ont été arrachés. Même les désinfectants de pharmacie ont été interdits. Tous les produits, dont de nombreux médicaments, contenant de la gélatine ont disparu en même tant que la race porcine. La recherche médicale n’existe plus, les vaccins ont disparu, les greffes et les transfusions ont été interdites.

Tous les instruments de musique ont été brûlés en même temps que tous les livres du monde et que toutes les œuvres d’art, de toutes les époques et de toutes les provenances géographiques. Les radios et télévisions ne diffusent plus que des émissions religieuses et quelques reportages de propagande à la gloire du Grand Calife du Monde. Il est interdit de chanter autre chose que des prières.

Les seules femmes qu’on aperçoit encore dans les rues sont celles destinées à être vendues comme esclaves. Le mariage est autorisé à partir de huit ans. L’usage de contraceptif est puni de viol par les troupes du calife. Le Cadi local est seul habilité à rendre une justice simplifiée : le vol est puni par l’amputation de la main, les femmes qui ont été vues autrement qu’entièrement couvertes d’un tissu noir sont lapidées à mort, quiconque est soupçonné de prier un autre dieu qu’Allah est décapité : toutes les peines sont mises en œuvre sur la place publique.

L’arabe est le seul langage autorisé : en parler un autre est passible de l’arrachage de la langue.

Comme la plupart des scientifiques, chercheurs et ingénieurs occidentaux ont été abattus, les centrales nucléaires explosent les unes après les autres. Il en va de même pour la majorité des industries : ce qui n’explose pas tombe en ruine. La famine sévit partout hors des palais, mais les impôts destinés à leur entretien ne cessent d’augmenter. On confisque les femmes et les enfants de ceux qui ne peuvent plus payer. Les réseaux d’eau ne sont plus entretenus que par quelques esclaves qui ne savent pas vraiment y faire.

Il n’y a aucune chance d’échappatoire : toute tentative de protestation se termine par un bain de sang et la recherche spatiale a été interdite.


Régime sec – Dan Fante

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Régime sec est un recueil de nouvelles largement autobiographiques, comme le précise Dan Fante en introduction. Le narrateur est chauffeur de taxi à Los Angeles pour financer ses cuites et sa cocaïne. Tentatives de désintoxication, clients tordus et galères en tout genre : ces histoires oscillent entre le sarcasme et l’autodestruction, le tout baigné dans l’ambiance glauque de gueules de bois mémorables.

Dan Fante a une écriture crue, efficace et contemporaine, tellement contemporaine qu’il est peu probable que ce livre reste dans les annales, le temps passant. Néanmoins, les amateurs de soûlographie apprécieront son verbe tranchant et son auto-dérision désespérée.  Régime sec offre deux bonnes heures de lecture aisée, idéales entre deux œuvres plus conséquentes.