Frank Herbert est agaçant. Si, vraiment. Il est agaçant parce qu’il ne se contente pas d’être visionnaire, encore faut-il qu’il le soit avec style.
La Mort Blanche est un roman d’anticipation évidemment scientifique, à mi-chemin entre le polar et la philosophie. On pourrait le résumer en expliquant qu’un biologiste devient fou après la mort de sa femme et de ses enfants victimes d’un attentat et fabrique un virus qui ne tue que les femmes, mais ça ne suffit absolument pas, car cette histoire n’est qu’un support à moult réflexions politico-religieuses et éthiques.
Frank Herbert vient ici nous interroger sur le développement des sciences en général et de la génétique en particulier : n’y a-t-il pas un danger énorme dans un monde où un nombre incalculable de gens ont suffisamment de connaissances complexes capables de détruire l’humanité ? En cas de danger imminent pour l’humanité, les politiciens et les religions ne resteraient-ils pas ce qu’ils sont, capables de manipulations épouvantables qui ne feraient que renforcer le danger ? Un fou est-il réellement responsable de ses actes, même si ses actes conduisent à la destruction de l’humanité ?
Le plus inquiétant, c’est que toutes ces questions qu’il soulevait en 1982, à une époque où la recherche génétique n’était pas aussi avancée qu’aujourd’hui n’ont jamais été autant d’actualité : non seulement le terrorisme est partout, mais en plus les techniques génétiques qu’il imaginait à l’époque existent désormais.
Et ça rend la lecture de La Mort Blanche absolument indispensable.