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Le Guide de survie de Bernard Arnaud

J’en ai quelques-uns dans ma collection, des guides de survie. Mon préféré date des années 80 et a été écrit par ancien gars des forces spéciales britanniques. Non, pas celui de la télé. C’est rigolo à lire.
Au sommaire, on trouve les différents terrains auxquels on peut être confronté : régions polaires, montagnes, littoraux, îles, déserts et régions tropicales. J’ai bien cherché, je n’ai trouvé ni métro, ni RER, ni périphérique. Heureusement que le Parisien publie une mise à jour !
Il y a un chapitre pour se nourrir. On y parle calories, mais aussi plantes comestibles et toxiques, champignons, algues, pêche, chasse, pièges et braconnages. J’espère que le Parisien a bien pensé à mettre des dessins pour expliquer comment poser un collet et surtout où le poser, parce que ça n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire et les pauvres usagers du métro pourraient mourir de faim bien avant d’avoir réussi à choper leur premier rat !

Je pense que le chapitre « se déplacer » intéressera beaucoup les Parisiens, voici donc les conseils de M. Wiseman (sans déconner, c’est vraiment son nom, c’est dire s’il est de bon conseil !) : « Une reconnaissance prudente peut s’avérer nécessaire pour choisir l’itinéraire le plus sûr qui n’est pas forcément le plus évident ni le plus rapide. Les groupes doivent être organisés en fonction des moins valides. Les cours d’eau constituent souvent les routes les plus faciles pour progresser vers la sécurité s’ils semblent navigables et si vous êtes capable de construire un radeau. » Donc voilà : pas la peine d’acheter le journal de Bernard Arnaud : la Seine ne passe pas loin de la Défense : allez-y en radeau, conseil de pro !

J’ai bien regardé le chapitre sur les catastrophes. On y trouve : sécheresse, incendie, gaz et produits chimiques, inondations, avalanches, ouragans, tornades, foudre, tremblement de terre, volcans, radiations et explosion nucléaire. Preuve que cet ouvrage est fort incomplet : aucun chapitre sur les grèves, ça n’est vraiment pas sérieux !

Néanmoins, comme le précise l’auteur : « vous pouvez vous retrouver isolé n’importe où dans le monde, des glaces de l’Arctique aux déserts, de la forêt tropicale à l’océan » (et dans Paris un jour de grève, donc). « Chaque situation implique la mise en œuvre de techniques de survie spécifiques. (…) Le lecteur demeure seul juge de l’application des méthodes indiquées dans ce livre. L’apprentissage des techniques peut être en contradiction avec la législation en vigueur. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un manuel de survie et que les risques à prendre n’ont rien de commun avec ceux qui résultent d’une situation normale. »

Le Parisien ne vous le dira certainement pas, mais face à une situation aussi dramatique qu’une grève, ne perdez pas de vue que maintes fois dans l’histoire des gens ont pu survivre en pratiquant l’anthropophagie. Il faut ce qu’il faut pour survivre.


Good Omens : une demi-réussite

Après le désastre « American Gods », je m’attendais au pire, mais ça va : le pire a été évité, Good Omens est regardable. Visuellement, c’est même très bien fichu, et c’est un divertissement amusant. Mais soyons honnête : c’est amusant sans plus. Rien à voir avec le roman qui m’a valu bien des regards de travers dans le métro parce que je me roulais par terre de rire. Avec cette série, on sourit, mais ne vous attendez pas à mieux. Ici, tout ou presque tient par l’excellente prestation de David Tennant qui a clairement lu le roman avant de jouer : il incarne Rampa très exactement tel qu’on se l’imaginait. Longue vie à David Tennant : il est vraiment l’un des meilleurs acteurs de sa génération et j’espère qu’on le verra plus souvent dans les années à venir. (Hey, les producteurs et scénaristes ? Ça ne vous dirait pas une adaptation de Richard III avec Tennant ? Il connaît le répertoire shakespearien et il a largement le talent pour ça.)

Malheureusement, Terry Pratchett n’est plus là pour insuffler tout l’absurde dont Gaiman est incapable. Le plus triste, c’est que le personnage de La Mort, si tordant, est largement sous-exploité. Alors que les deux derniers épisodes tirent franchement à la ligne, un épisode complet sur les Cavaliers de l’Apocalypse aurait donné tout le souffle et la drôlerie qui manquent : dommage.
Espérons néanmoins que cette mini-série donnera envie à quelques-uns de découvrir le roman : les livres qui font vraiment rire sont rares, ça serait dommage de passer à côté de celui-là.


Je suis devenue raisonnable

Je suis devenue quelqu’un de raisonnable. On ne peut vraiment pas dire que j’y étais prédestinée, ni même que j’ai œuvré pour en arriver là, et pourtant, ça m’a soudainement sauté aux yeux : je suis devenue quelqu’un de raisonnable.

J’ai pourtant eu un parcours pour le moins chaotique, et ce chaos était parfaitement volontaire. Le Monde Normal m’ennuyait, alors je l’ai fui. J’ai traîné ma colère dans les squats et mon envie d’autre chose dans les bois. J’ai côtoyé les tatoués quand personne ne songeait encore à se faire piquer la fesse droite d’un dauphin à exposer sur la plage. J’ai passé la tondeuse à nombre de mal-coiffés à commencer par mon propre crâne qui en a vu de toutes les sortes. J’ai toujours apprécié les gens de mauvaise réputation. Mon foie a parfois gémi des excès. Rares étaient ceux qui savaient où je me trouvais à un instant t, et mes pauvres parents ont sans doute passé de pénibles nuits d’insomnie, et pas seulement quand j’étais jeune. Et puis, passant d’un extrême à l’autre en un claquement de doigt, je me suis sédentarisée dans l’endroit le plus reculé que j’ai pu trouver, sans devenir plus raisonnable dans le choix de mes activités. Et pourtant, soudain, j’ai réalisé que je suis en fait devenue quelqu’un de raisonnable, jusqu’à l’extrême.

Ça a commencé quand j’ai refusé de croire que la terre puisse être quoi que ce soit d’autre qu’une planète patatoïde. C’est vrai que ça m’embête un peu, parce que si je rencontrais un être venu d’ailleurs, lui expliquer que ma planète est patatoïde, ça manque de classe. Il est certain qu’une terre plate se baladant dans l’univers à dos de tortues, ça a quand même plus de gueule. Mais je n’y peux rien : on l’a calculé, mesuré, puis on est allé vérifier, rien à y faire, ma planète est patatoïde. Je me console en me disant que les autres planètes ne sont pas plus originales. Pourtant, sur la planète où je vis, nombreux sont ceux qui se (re)mettent à croire qu’elle a une autre forme. C’est là que j’ai commencé à entrapercevoir ma mutation.

Mais ça n’était que le début de ma déchéance, car dans le même temps, j’ai réalisé que je mange un peu de tout. Bien sûr, comme nombre de mes contemporains, je me suis posée des questions éthiques, et il en a découlé que le plus simple pour faire les choses correctement étaient d’élever moi-même les animaux que je mange. Car je mange des animaux. C’est comme ça que je me suis retrouvée autonome ou presque de ce point de vue. Ainsi, je sais raisonnablement quelle viande je mange. Et pire encore, je sauce avec un morceau de pain plein de gluten, je mets du sucre dans mon café et il y a même eu une fois où les pucerons attaquants mes haricots verts, j’ai préféré les traiter raisonnablement avec un produit chimique plutôt que de perdre toute ma récolte. Pourtant, sur la planète patatoïde, ils sont nombreux désormais à prétendre avoir une mâchoire et un système digestif d’herbivore. Que les vaches n’aient qu’une seule rangée de dents et l’équivalent de quatre estomacs n’a pas l’air de les déranger. Alors avec mon unique estomac, ma vision de face et mes dents d’omnivore, j’ai bien été obligée d’admettre que j’étais devenue rudement raisonnable. Et en plus, je ne refuse pas toute chimie.

Le pire, c’est que ça ne s’est pas du tout arrêté là ! Il y avait aussi les questions de santé. J’ai de la chance, je ne suis pas souvent malade. Mais quand ça arrive, je fais quelque chose de terriblement raisonnable : je vais voir un médecin et je prends des médicaments. Une fois, j’ai même pris des antibiotiques, et une autre, un dérivé de morphine. Il faut dire que la première fois, j’avais un début de pneumonie et la seconde, je souffrais tellement du dos que je ne pouvais même pas me tenir debout. Il est toujours possible qu’un jour, je tombe malade d’un cancer, et dans ce cas, je subirais volontairement mais pas joyeusement une chimiothérapie. Et puis, je suis vaccinée : c’est que je jardine et taille mes rosiers et que le tétanos, ça n’a quand même pas l’air super rigolo. Alors de temps en temps, je vérifie mon carnet de vaccination. Eh bien tout cela est vraiment raisonnable. Mes congénères de la planète patatoïde, surtout ceux de la partie la plus riche, où on est le moins malade et le mieux soigné, préfèrent désormais faire l’impasse sur les vaccins, jurent que c’est la chimiothérapie qui tue et non pas le cancer, se soignent avec du citron, du bicarbonate ou des petites billes de sucre. Nul doute possible : je suis définitivement devenue raisonnable.

Enfin, j’ai lu les commentaires divers et variés sur les réseaux sociaux, et là j’ai compris que mon cas était désespéré. Non seulement j’essaie d’écrire dans un français raisonnablement correct, mais en plus, je m’interdis d’user d’injures, de propos dégradants, d’attaques ad hominem. Pire encore, quand je souhaite défendre un point de vue, une opinion, je tente de le faire en utilisant des arguments raisonnables, même quand on échange sur la politique. Je n’appelle ni au meurtre ni à la délation, je ne menace pas et pire que tout, il m’arrive même de m’essayer à l’humour. Et tout cela est définitivement raisonnable.

Notez bien que je ne tire aucune gloire de mon nouveau statut : j’ai tiré bien trop d’enseignements de mes pérégrinations dans les mondes non-raisonnables. Mais je ne peux vraiment pas faire semblant d’être autre chose. Je suis devenue raisonnable, et ça n’est pas entièrement ma faute.


Le Prince, la lune et les fornicateurs de Florent Kieffer

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On a plus ou moins de plaisir à découvrir et à faire découvrir un livre. Concernant ce petit ouvrage, on a très envie de le faire lire à tout le monde. Non qu’il s’agisse d’un chef d’œuvre : je parlerai plutôt de friandise.

Le Prince, la lune et les fornicateurs n’est pas vraiment un roman, mais plutôt un conte moderne. Il était une fois, dans un temps lointain, un royaume où tout le temps libre est utilisé pour se laisser aller à la fornication, au grand désespoir de l’Intendant qui décide de trouver tous les moyens possibles de lutter contre cette activité improductive en combattant l’existence même de l’érection. Avec pareil sujet, il eut été aisé de sombrer dans la vulgarité, dans l’érotisme à deux sous ou dans les lieux communs insupportables : Florent Kieffer évite pourtant tous ces écueils pour nous offrir au contraire un récit plein de finesse et d’humour.

Évidemment, ça n’est pas un conte pour enfants : destinés à celles et ceux qui ont au moins une vague idée de ce qu’est le désir sexuel, l’histoire n’aurait aucun intérêt pour des petits. Mais de par sa forme, et malgré le sujet traité, il s’adresse tout de même à la part d’enfant qui sommeille dans chaque adulte. C’est frais et réjouissant. C’est très facile à lire, si bien qu’il est accessible même aux lecteurs débutants, sans ennuyer les lecteurs confirmés : une vraie gageure pour un auteur !

Comme beaucoup de contes, il délivre une sorte de morale, mais une morale qui explose les cadres rigides que l’humanité n’a eu de cesse de dresser autour des questions de sexualité. On ne regrettera que le rôle secondaire réservé aux femmes dans ce récit, néanmoins, on rit assez pour pardonner.

Vous êtes encore là ? Mais enfin ? Vous devriez déjà être en train de découvrir les premières pages !


Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits de Salman Rushdie

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Je l’attendais depuis si longtemps qu’en théorie, j’aurais dû finir la lecture de Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits d’une seule traite. Mais il s’est vite avéré que ça aurait été du gâchis. Ceux qui connaissent déjà l’écriture de M. Rushdie savent quelle capacité de densification du récit il a, et lire trop vite serait la garantie de passer à côté de la moitié des détails : c’eut été dommage, tant et si bien que plus j’avançais dans la lecture, plus je déployais des trésors de créativité pour ralentir le rythme de façon à la faire durer plus longtemps : impossible de faire autrement.

Parce que des détails, il y en a autant que des grandes lignes et des personnages. Des personnages, il y en a autant d’humains – et de toutes les ethnies – que de magiques, et tout ce petit monde se mène une guerre impitoyable dans notre monde. Et quand je dis « dans notre monde », je pèse mes mots : il s’agit bien de notre monde tel qu’il est actuellement. C’est le combat entre la rationalité et la croyance, autant dire un combat aussi épique qu’humoristique.

Si on retrouve l’écriture alambiquée des Enfants de Minuit, on se rapproche beaucoup plus par le contenu de Haroun et la mer des Histoires, mais d’une façon bien plus destinée aux adultes et plus irrévérencieuse. Et c’est jubilatoire. On pourrait dire que c’est un conte, mais ça serait mentir : ce sont des centaines de contes antiques et contemporains qui s’entremêlent à la façon des Mille et une nuits, comme le titre l’annonçait.

Mais l’important n’est pas tant le récit en lui-même que ce qu’il provoque à terme sur le lecteur : impossible après la découverte de ce roman d’ouvrir un journal sans avoir envie de rire du pire. Non qu’il amoindrisse la gravité de la situation du monde, seulement voilà : Salman Rushdie décale notre regard d’une façon si ingénieuse qu’on ne peut plus regarder tout ça comme avant. Là où tout un chacun voit une guerre meurtrière, le lecteur de Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits verra une ultime bêtise de djinn qui finira par se dissoudre dans la rationalité et l’intelligence.

Quant à la conclusion, que je ne révélerai pas, elle ne pourra qu’obliger le lecteur à avancer d’un grand pas vers lui-même, et vous conviendrez que c’est un sacré cadeau de l’auteur.

Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits n’est peut-être pas le meilleur roman de M. Rushdie d’un point de vue purement littéraire, mais c’est sans doute le plus réjouissant, le plus accessible et le plus nécessaire à son époque. Entre conte et philosophie, c’est un livre qui grandit sans peser, et la garantie de passer un excellent moment un tout petit peu à côté de la réalité.


Rushmore de Wes Anderson

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Je vous avais prévenus : je vais encore vous parler de Wes Anderson. Rushmore est son deuxième film, et on sent qu’il n’a pas encore atteint ici le degré de perfection dans la composition des images qu’on trouve dans ses œuvres plus récentes. La photographie n’a pas la même qualité, néanmoins son univers si particulier est déjà palpable. C’est sans nul doute le plus autobiographique de ses films.

On retrouve un thème commun à toutes ses productions : il nous présente encore un jeune personnage inadapté au monde, incapable de jouer avec les règles du jeu et pourtant (donc ? ) particulièrement créatif. L’univers des enfants se heurte à celui des adultes. Certains enfants sont trop adultes pour leur âge, certains adultes ne le sont pas vraiment devenu. La limite est floue. Rushmore est aussi poétique que les autres films d’Anderson. Poétique, mélancolique et paradoxalement enchanteur et désenchanté. Et son univers est déjà particulièrement coloré.

Wes Anderson est de ces réalisateurs dont on sait dès l’ouverture qu’il est aux commandes. Bizarrement, il produit des œuvres réalistes fantastiques. Chacun de ses films est une nouvelle région de son univers propre. Et avant même d’avoir atteint le degré de technicité qu’on lui connaît maintenant, il faisait déjà de grands films, de ceux dont on se souvient.


La Vie Aquatique de Wes Anderson

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C’est le troisième film de Wes Anderson que je visionne, et j’en suis maintenant assurée : ce type est génial. Voilà quelqu’un qui est capable d’apporter un grand bol d’air frais au cinéma. La Vie Aquatique ne ressemble à rien d’autre. Le sens de la photographie de ce réalisateur est déjà en soi un plaisir pour les yeux, mais tout le reste est de la même qualité : sa capacité à faire de la musique un personnage à part entière – et David Bowie en portugais, il fallait oser – , ses personnages attachants quels que soient leurs défauts, la réalisation globale maîtrisée du début à la fin.

Wes Anderson est aussi capable d’utiliser des acteurs à contre-emploi. Qui aurait pu penser à faire jouer un crétin à Willem Dafoe ? Sérieusement ? On parle quand même du gars qui a incarné Jésus ! Et pourtant, on a là l’un des crétins les plus crédibles de l’histoire du cinéma ! Quant à penser à Bill Murray pour incarner un Commandant Cousteau parodique … Alors forcément, l’ensemble est un film surréaliste, d’autant plus que les images de fonds marins sont toutes fausses, fausses comme les montages que faisait feu le Commandant.

La Vie Aquatique est un film à la fois drôle et désenchanté, avec ce petit quelque chose d’enfantin propre aux films de Wes Anderson. C’est original, humain, mélancolique ; c’est aussi naïf et coloré. Bref : c’est un film réussi à voir et à revoir.


Colères de François Rollin

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Dans ce spectacle, François Rollin tricote et détricote les colères d’un quidam névrosé, traumatisé quand il était enfant par le vol de son goûter par un éléphant du zoo de Vincennes, distribuant des baffes à un fonctionnaire de la Préfecture de Limoges et harcelant les automobilistes qui font un écart à gauche avant de tourner à droite, ce qui est insupportable et surtout criminogène, comme il nous le démontrera.

Colères n’est pas une succession de sketchs mais un spectacle d’un seul bloc, très écrit, alambiqué et rageur. Le personnage est pathétique, malheureux. Tout son propos est de nous démontrer qu’on ne peut pas rire de tout, ni de tous et surtout pas de ceux qui se sont fait voler leur goûter par un éléphant du zoo de Vincennes. Il nous le démontre d’ailleurs si bien qu’on en rit beaucoup.

On est loin de la tendance actuelle de l’humour (?) facile : François Rollin est un grand maître des mots et de la construction de textes ciselés. Et pour ne rien gâcher du plaisir, il donne de sa personne pour incarner son personnage.


Pride, une rencontre improbable.

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En 1984, Thatcher sévit en Grande Bretagne. Les mineurs sont en grève depuis plusieurs semaines et la misère guette. C’est alors qu’un groupe de militants homosexuels décide de leur venir en aide en effectuant des collectes de fonds pour les aider à continuer leur grève. Mais il n’est pas si simple de trouver un groupe de mineurs acceptant l’aide offerte par des homosexuels, alors qualifiés de pervers. Aussi improbable que soit ce scénario, il est basé sur une histoire vraie, ce qui fait de Pride un film qui fait du bien.

Ici, c’est le meilleur de l’humain qui est mis en avant. Si on nous raconte une histoire de fiertés, c’est aussi, et peut-être avant tout, un récit de solidarité fort peu probable et pourtant aussi réel que constructif. Je serais tentée de vous raconter toute l’histoire et surtout les conséquences concrètes de cette rencontre, mais le film le fera sans doute mieux que moi. Alors qu’en ce moment l’ambiance sociale n’est pas au beau fixe, Pride ne pourra que vous faire du bien au moral, et peut-être même, allez savoir, vous donner des idées.

 


Pour que cessent les violons

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Non seulement je proteste vigoureusement mais encore envisagé-je la création d’une ligue internationale de lutte contre une manie pénible, une plaie de l’humanité, cette insupportable coalition qui chaque jour attente à l’art, la finesse et le bon goût : les étalages violoneux dans les films et les séries.

En ce sens, je milite pour la mise hors d’état de nuire de fabricants de bandes originales incapables d’accompagner des images autrement qu’à grands renforts de zimzimzoumzoum pseudo-guerriers ou, pire, si cela est possible, de zimzimzoumzoum pas seulement larmoyants mais carrément dégoulinants. Non au zim en guimauve et au zoum à l’eau de rose !

J’ai ici une pensée de rejet épidermique particulièrement virulente pour le grand violoneux en chef des films et séries qu’est l’exaspérant Hans Zimmer. Non content de nous mener au bord de la crise de nerf avec ses zimzimzoumzoum intempestifs et redondants à l’action de la série de films Pirates des Caraïbes, Hans Zimmer nous prend encore pour des imbéciles ayant besoin de zimzimzoumzoum pleurnichards dans la mini-série The Pacific pour déterminer à quel endroit du scénario il nous faut être émus. Ces forfaits sont aussi nuisibles, non seulement aux films, mais aussi à notre intelligence qu’un sous-titrage qui nous dirait : « ici, vous devez être triste ».

La liste de ses méfaits grandiloquents est bien trop longue pour être reproduite ici, mais depuis plus de vingt ans, non content de nous gâcher le plaisir du visionnage d’œuvres par ailleurs réussies, le même M. Zimmer fait des émules et il devient impossible d’échapper à la furie ou au larmoiement de sempiternels zimzimzoumzoum.

J’en appelle aux cinéphiles autant qu’aux amateurs de musique : ensemble, faisons cesser les forfaits de ces pompeuses envolées pseudo-lyriques grand-guignolesques pour retrouver le plaisir d’écouter des bandes originales qui ne mettent pas les nerfs en pelote et l’estomac en péril, telles que les plus grands, de John Williams à Lalo Shifrin nous on permis de le faire avant l’avènement de l’omniprésence violonesque.