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Snowpiercer, un film décevant.

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D’une part, j’avais entendu le plus grand bien de ce film, d’autre part, je suis une amatrice du thème post-apocalyptique : les éléments semblaient donc être réunis pour que je passe un bon moment.
Il est vrai que j’ai beaucoup aimé les décors et que le rôle de Tilda Swinton, tout hystérique soit-il, m’a semblé parfaitement tenu. Malheureusement, c’est tout ce que j’ai apprécié de The Snowpiercer.
Pour commencer : virez-moi le script ! Tout le film est truffé d’erreurs inadmissibles et d’improbabilités qui rendent l’ensemble peu crédible. En vrac : quand on est poursuivi dans un train, si long soit-il, on n’a pas le temps de se poser pour manger des sushis ou fumer une clope en taillant une bavette sans être vite rattrapé. Quand on se fait arracher un bras, on hurle, on s’évanouit, on reste à terre agonisant, mais dans tous les cas, on ne se relève pas comme si de rien n’était pour faire un câlin aux copains. Je veux bien admettre qu’un film n’est pas obligé de coller à la réalité, mais un peu de crédibilité n’a jamais tué personne !
Mais cela n’est rien encore comparé à la morale du film (attention, spoiler) : pour mettre un terme à la société de classes, ce qu’il faut c’est une bonne révolution qui détruit tout ce qui permet aux humains de survivre, d’annihiler 99% de l’humanité pour que les rares survivants (ici : deux personnes) puissent retourner à l’état de nature dans une neige immaculée auprès des animaux sauvages. Vous ne m’en voudrez pas de trouver une telle morale proche d’une conception nazie.
Je passe outre la caricature de la société de classes qui aurait pu être intéressante en dehors d’une situation de survie mais dont il ne reste au final qu’une caricature de caricature.
Je suis plutôt bon public, en général, concernant le genre « post-apo ». De Malevil à la Route, je n’avais jusqu’ici été déçue que par des grosses productions (trop) hollywoodiennes. Quel dommage qu’un film aussi international soit si mal mené !


Blast tome 4 de Manu Larcenet

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C’est un exercice périlleux que de faire une série en quatre tome : on tient le lecteur en haleine trois tomes durant, il se précipite dès la sorti du quatrième pour enfin connaître toute l’histoire de Polza Mancini et on ne peut pas le décevoir en terminant la saga comme un de ces mauvais films où le combat final confine au ridicule tant tout y est exagéré.

Et bien Manu Larcenet a parfaitement réussi cet exercice. Je me refuse à vous dévoiler ici la fin tant attendue de Blast – quelques critiques professionnels s’en sont déjà lamentablement chargés – , sachez toutefois que vous aurez une explication sur la nature des  « Blast » de Mancini. Sachez aussi que cet opus n’est pas plus joyeux que les précédents tout en étant le plus surprenant.

La qualité des planches est au rendez-vous, avec une brève incursion d’un vieux complice de Larcenet qui amène un peu de lumière sur cette sombre affaire.

Mention spéciale à l’éditeur qui semble avoir intégré le 21è siècle dans ses méthodes : vous trouverez à la fin de cet œuvre un code pour télécharger l’album adapté pour les tablettes numériques.

Je vous révèle tout de même à peine un détail : quand vous aurez tourné la dernière page de ce dernier épisode, je gage que vous reprendrez la lecture de l’œuvre intégrale avec un nouveau regard.


Les Petits Miracles de Will Eisner

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Si vous êtes un amateur de couleurs bariolées, de récits fantastiques, de super-héros ; si vous n’aimez pas l’humour juif, le réalisme et si vous ne croyez pas aux petits miracles du quotidien, cet album pourrait ne pas vous plaire. Mais ça serait néanmoins dommage de ne pas vous pencher dessus.

 

C’est avec un trait clair et des dégradés de gris que Will Eisner nous conte en quatre histoire le quartier de son enfance et cette magie qui n’est visible que pour qui veut bien la voir. Quatre histoires pleines d’humanité et de tendresse, de joie et de cruauté : tout un monde et une époque reconstituée par un maître de la bande dessinée.

Le tout ne manque ni de raffinement ni d’amour de la vie : c’est le regard tendre d’un vieil homme sur un passé révolu.

 


Le Purgatoire de Chabouté

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La vie n’est déjà pas simple pour le personnage de cette bande dessinée, mais tout se complique encore à sa mort. Sur la base de cette trame fort simple, on découvre une histoire riche, dense, bien amenée et pleine de poésie, portée par un graphisme efficace et une utilisation de la couleur et du noir et blanc particulièrement judicieuse dans le contexte. On y croise quelques morts célèbres, autant que des réalités sociales et politiques qui dérangent. Chabouté sait être dense et épuré à la fois, et il nous offre ici une bien belle œuvre à découvrir !


Chabouté : Tout seul

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Tout seul est une bande dessinée surprenante. Je n’en révèlerai pas la trame ici car ça serait gâcher le plaisir de la découverte. L’histoire, comme le trait, est épurée : simple sans être simpliste. C’est un récit avec peu de texte, d’une grande humanité et d’une profonde tendresse. On ne sait guère où l’auteur nous emmène, il flotte une ambiance de mystère, les personnages sont des taiseux, on avance donc à petits pas dans un environnement fait d’isolement et d’imagination.

Tout seul est une belle oeuvre graphique, la belle histoire d’un homme narrée sous les embruns d’une mer qui isole, le récit d’un voyage immobile. Le tout est à découvrir absolument.