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A tous les vents.

Il y a le vent du Nord, continu, chargé de pluie, qui depuis les plaines sans obstacle s’engouffre dans le couloir des canaux comme dans les rues des villes et chasse devant lui la terre noire ou la poussière grise. Il est colérique souvent, parfois même violent, mais toujours sans surprise, presque fade et décevant.

Il y a le Mistral et ses bourrasques vicieuses qui vous poussent quand vous n’y prenez garde, qui, l’été, arrive chargé des odeurs de garrigues avant de chasser des villes les détritus vers la mer. L’hiver, il apporte avec lui les grands froids d’altitude, vous gèle les extrémités, rend les oreilles cassantes et arrache le couvre-chef censé les protéger.

Il y a le Sirocco, majestueux, puissant, qu’on voit venir de loin, charriant par dessus la mer chaleur et poussière ocre qui bientôt recouvre tout. Il joue avec les feuilles mortes et les sacs plastiques à faire des tourbillons à hauteur d’enfant.

Il y a la Tramontane, sèche, violente, qui refroidit tout ce qu’elle touche, qui met les nerfs en pelote et qui parfois même emporte la raison du voyageur égaré.

Et il y a les quatre vents.

Il y a le Nordet, Kreisteiz à midi, Hanternoz à minuit, fort, impétueux et glacial et leur cousin le Noroît, qui est plus clément mais souvent chargé de pluie. Ils rafraîchissent les étés brûlants et au cœur de l’hiver poussent les Hommes près des âtres brûlants. Quand ces deux-là se taisent le Suroît se met à souffler de son air caressant. Il pousse les hirondelles au printemps et passe son automne à repousser l’hiver. Enfin, après avoir voyagé sur l’océan, voici venu le Père Banard, chargé d’embruns, de sel, des odeurs de la mer et des histoires de marins.

Affolant les girouettes, si l’un d’eux faiblit il sera suivi de peu par un autre après lui.

Ces quatre-là sans cesse vous tirent et vous poussent à hue et à dia. Que vous soyez dressé dans une plaine ou du haut d’un Ménez, ils vous lavent l’esprit, vous ancrent à la vie. Tantôt doux, tantôt intenses, ils charrient avec eux toutes les histoires du monde et les colères des Dieux. Face à eux, le plus puissant de vos cris ne sera qu’un soupir. Pourtant, loin de vous amoindrir, tous ces vents vous grandissent de ne pas plier devant eux.