Dans le genre casse-gueule, la gestion de crise face à un virus en vadrouille, ça se pose tout de même là.
Pour rien au monde je ne voudrais être responsable des décisions à prendre : qu’on agisse ou pas, il est absolument impossible de prendre une décision parfaite.
En 2009, Bachelot en avait pris plein la tronche avec la gestion du H1N1. L’OMS préconisait alors « de vacciner, par ordre de priorité, les catégories suivantes de la population : les femmes enceintes, les enfants de plus de 6 mois atteints d’une affection chronique grave; les personnes en bonne santé âgées de 15 à 49 ans; les enfants en bonne santé; les adultes en bonne santé âgés de 50 à 64 ans et les adultes en bonne santé âgés de 65 ans et plus. » Au fond, Bachelot n’a fait que se conformer à ces recommandations. Tant mieux pour nous, pas de bol pour elle : le virus s’est avéré bien loin d’être celui qui remplacerait la grippe espagnole dans les annales. Mais si l’OMS ne s’était pas trompée ?
Hier, Buzyn disait que le risque était quasi-nul de voir le coronavirus en France. Elle s’appuyait pour ça sur une étude de l’Inserm qui évaluait le risque qu’un patient infecté par le nouveau coronavirus arrive en France était de 5% à 13%. Ces calculs ont été faits à l’aide d’un modèle d’évaluation statistique basé sur le trafic aérien. Aucun outil statistique ne saurait être parfait, la preuve : quelques heures plus tard, trois personnes s’avéraient infectées en France.
Quand l’ombre (fort palote dans le cas de ce nouveau virus) d’une possible pandémie se pointe, l’OMS a toutefois une recommandation systématique : « préserver l’intégrité du système de soins et des infrastructures essentielles ». Et ça, ça n’est possible que sur un système hospitalier sain et fonctionnel.
Je ne taperai pas sur Buzyn pour la gestion de cette crise : aucun humain ne sera jamais capable de prendre des décisions irréprochables face à l’inconnu. A l’impossible nul n’est tenu. Par contre, ce qui démultiplie les risques en cas de pandémie, ça n’est pas la réaction immédiate d’un ministre à une crise ponctuelle, c’est l’état général du système de santé du pays. Buzyn ne nous met pas en danger parce qu’elle fait une déclaration foireuse qui par ailleurs ne s’appuie pas sur du vent, elle nous met en danger parce qu’elle finit de détruire un système de santé déjà trop dysfonctionnel pour gérer un flux normal et donc absolument inadapté pour le jour où survient une crise.