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Tempête

22h30


22h30 Oui, bon, ça souffle, mais on a vu pire.
0H00 OK, je ne suis pas certaine d’avoir déjà vu pire, même pas les orages en montagne.
3H30 Wow putain. La toiture ne va jamais tenir. La cabane de la vache doit déjà être par terre. Pourvu qu’il n’y ait plus personne en mer. Pourvu qu’il n’y ait personne dehors. Pourvu que les îliens aillent bien, ça doit être terrible, chez eux !

En général, quand il y a une grosse tempête nocturne, ça ne m’empêche même pas de dormir. La maison est solide, en presque trois siècles, elle en a vu d’autres, et de toute façon, il n’y a pas grand-chose qui puisse m’empêcher de dormir. Mais là… Je n’avais jamais vu une tempête pareille et j’aurais très bien survécu à l’idée de ne jamais en voir. La charpente émettait des craquements douloureux. Dehors, les arbres s’agitaient de façon tout à fait surréaliste. J’entendais une des vaches de mon voisin pousser des cris, ce qui n’était pas sans m’inquiéter, mais il était absolument impossible de sortir, c’était beaucoup trop dangereux. Même les chiens étaient en panique. Il y a eu une première coupure d’électricité vers 2h30, et puis à 4h00, plus rien. Vers 6h00, le vent s’est calmé et j’ai pu dormir un peu.

En me levant, j’ai regardé par la fenêtre en m’attendant au pire. Si la veille, je ne voyais pas ce que le terme de « bombe météorologique » signifiait, le premier coup d’œil dehors l’a vite éclairci : la clôture en bois a été arrachée, le toit du hangar semblait avoir pris une bombe laissant un grand trou béant, le grand eucalyptus qui a toujours résisté à tout avec souplesse avait perdu plusieurs branches, un gros conifère pourtant à l’abri du vent gisait au sol. Évidemment, je me suis précipitée dehors pour aller voir les bêtes, envisageant le pire. C’est presque un miracle : la cabane de la vache et l’abri des chèvres ont tenu. Les animaux avaient la même tête que les humains : celle de qui a passé une sale nuit, mais personne n’était blessé. Par contre, un premier coup d’œil permettait de prendre la mesure des dégâts sur les arbres. Rien que chez moi : deux pommiers, deux châtaigniers, deux vieux rhododendrons – pourtant parfaitement à l’abri du vent croyais-je – et un vieux sureau déracinés, plusieurs autres arbres plus ou moins cassés. Certains s’en remettront, d’autres devront être abattus. Ça, c’est le bilan sur un hectare de surface : c’est comme ça partout.

Dans la matinée, il a fallu parer au plus pressé. Tronçonner l’arbre qui empêchait de sortir la voiture, ramasser ce qui pouvait être dangereux, vérifier chez le voisin que toutes ses bêtes allaient bien – et c’est le cas malgré un vieux bâtiment à demi effondré – on a retrouvé une des tôles à plusieurs dizaines de mètres. Ensuite, il fallait appeler les gens alentours pour s’assurer que tout le monde allait bien, sauf que le réseau était en carafe. A ce moment là, on entendait déjà des tronçonneuse de tous les côtés. Mon voisin agriculteur a commencé par dégager les routes et chemins encombrés d’arbres. Le maire faisait le tour de toutes les routes du village pour savoir où intervenir. Tout le monde était un peu groggy, certes par manque de sommeil, mais surtout parce que le carnage est profondément déprimant. A ce moment là, je pensais qu’on n’aurait pas d’électricité avant une bonne semaine.

L’après-midi, le vent était tombé, les routes dégagées : il était temps d’aller voir si tout le monde allait bien et si personne n’avait besoin de rien, eau, bouffe, médocs, piles, essence… Pas la peine que tout le monde prenne sa bagnole, une par secteur, ça suffit. D’autant qu’au-dessus des routes, il y avait encore beaucoup de branches qui menaçaient de tomber. Perso, il me fallait de l’essence pour le groupe électrogène, ma voisine avait besoin de piles… En route pour le bourg le plus proche qui, lui, avait toujours de l’électricité. Sur quinze bornes parcourues, ça n’était que carnage partout. Les arbres ont vraiment pris cher, beaucoup sont déracinés, encore plus sont cassés. Des lignes électriques et des câbles de téléphone gisaient au sol partout. Des poteaux ont été brisés net. Heureusement, la plupart des toitures ont tenu. Quelques bâtiments agricoles sont plus ou moins salement endommagés. Outre ces dégâts, ce qui donne une bonne idée de la violence du phénomène, c’est la charpie de bois et de feuilles qui recouvre tout, jusqu’aux vitres.

On a finalement été rebranché au réseau plus vite que je ne le pensais vu l’étendue des dégâts. Maintenant qu’on est certain que tout le monde va bien et qu’il ne reste plus qu’à tronçonner vient tout de même le temps du bilan.

Si les alertes ont bien fonctionné, elles sont venues 24h trop tard : l’alerte à vigilance rouge balancée sur les téléphone, c’est bien. A 18h30 un jour férié, quelques heures avant l’arrivée du pire, alors que ça fait 24h que les météorologues préviennent que ça va cogner fort, ça ne laisse pas le temps aux gens d’anticiper quoi que ce soit. Pour ma part, je n’ai pas attendu que la préfecture se remue pour me préparer, mais beaucoup de gens n’avaient ni piles ni bougies. Pire, avec le réseau de téléphone par terre, impossible pour les gens malades de prendre ou d’annuler des rendez-vous. Mais ça n’est pas nouveau qu’on soit mauvais en anticipation des risques en France.

Mention spéciale aux radios publiques d’information : locales ou nationales, elles sont d’une parfaite inutilité. Vous vous réveillez au milieu du chaos, sans téléphone, sans électricité, sans internet. Vous allumez donc la radio à piles pour savoir si les routes sont dégagées, comment avancent les travaux sur les réseaux, si les stations d’épuration fonctionnent normalement et donc si l’eau est potable. Vous avez droit à l’interview d’une chanteuse à la con au sujet de son dernier album sur la radio nationale et à l’interview de Bernadette qui a – comme tout le monde – passé une sale nuit et a un arbre tombé dans son jardin sur les radios locales. Aucune info pratique, rien d’utile. « Écoutez la radio » figure sur tous les sites de prévention des risques. J’ai testé pour vous : les seuls sur qui vous pouvez compter pour être informé, ce sont vos élus locaux. Et on en vient donc aux points positifs.

Parmi les gens qu’on remercie très vite, il y a donc les élus locaux – vu la tête qu’il a, je pense que m’sieur mon maire n’a pas dormi du tout depuis la tempête. Il y a aussi les agriculteurs qui n’ont pas mis deux heures à dégager les routes. Vu des villes, il est toujours de bon ton de leur cracher dessus, vu d’ici, on a tous l’air con sans eux. Personne ne leur a rien demandé, ils ont fait ce qu’il y avait à faire par eux-mêmes. Et puis on pense aussi à tous les techniciens d’Enedis. Ils ne doivent pas non plus dormir beaucoup en ce moment. On croise les camionnettes bleues partout, ils s’arrêtent à peine la nuit. Si les salaires étaient indexés sur l’utilité sociale, ils seraient riches. Et puis globalement, dans ce genre de situation, l’entraide fonctionne bien. En tout cas, à l’échelle de mon village, aucune personne isolée n’a été laissée sans visite.

Maintenant on se prépare à la deuxième tournée puisqu’on annonce une nouvelle tempête pour ce week-end : sur un réseau fragilisé, on s’attend à de nouvelles coupures. Mais maintenant que j’ai expérimenté une situation critique, je ne peux que confirmer ce que je radote depuis des années : soyez équipés pour encaisser les chocs. Éclairage, chauffage, nourriture, eau… Si vous comptez sur l’état pour subvenir à vos besoin en cas de problème, vous allez juste rester dans votre galère. Equipez-vous et soyez copains avec les voisins, il n’y a que comme ça qu’on encaisse.

Et si chez vous tout est électrique, y compris les volets, à vrai dire, comme j’ai mauvais esprit, le seul truc qui me vienne en tête, c’est : mouarf.


Nostalgie

Chose rare, j’ai été saisie hier d’une vague de nostalgie. Ça ne m’arrive pas souvent, ça n’est pas franchement dans ma nature, et il y a un je-ne-sais-quoi de « c’était mieux avant » que je n’aime pas dans la nostalgie. Mais ça m’arrive quand même parfois de regarder le passé, puis le présent, et de pousser un soupir.

En l’occurrence, la vague m’a ramenée, en musique, à la fin du siècle dernier. C’est qu’à cette époque, un phénomène musical a envahi toutes les oreilles de France : on entendait partout chanter dans d’autres langues, et en particulier en arabe, les sonorités d’autres cultures étaient partout, dans toutes les radios, sur toutes les chaînes de télévision. Rachid Taha cartonnait avec Ya Rayah. L’Orchestre National de Barbès faisait danser partout. 1,2,3 Soleil tenait du phénomène de société. Les chanteurs à la mode s’appelait Khaled, Faudel, Cheb Mami. Gnawa Diffusion donnait des concerts sous chapiteau aux pieds des tours de tout un tas de quartiers populaires. Les musiques tziganes étaient partout et empruntées par tout le monde. Un peu moins populaire mais quand même bien présent, il n’y avait rien d’exceptionnel à écouter Nusrat Fateh Ali Khan. Même au fond des PMU crasseux et enfumés, on pouvait entendre quelqu’un fredonner un air de raï à la mode.

J’ai ce souvenir d’une fête de quartier, car à l’époque l’espace public était vraiment public et on ne se gênait pas pour l’occuper pour tout un tas d’événements, lors de laquelle se tenait un concert de raï. C’était un quartier populaire, plein de gens de toutes origines et de jeunes blancs fauchés. On n’avait pas réussi à se faire prêter du matos d’éclairage, mais peu importe, on faisait sans. La nuit était tombée, mais la musique ne s’arrêtait pas. Soudain, au milieu des jeunes blancs, un groupe de chibanis avait paru et s’était mis à danser. Leurs petits fils avaient encerclé la foule et l’éclairaient des phares de leurs scooters. Instant magique de rencontre et d’espoir. Et puis cet autre souvenir, un peu plus loin : dans une usine désaffectée se tenait une fête tekno, mais il y avait deux scènes : une scène tekno hardcore, forcément, et une scène rap. Et deux jeunesses qui pouvaient sembler séparées se mélangeaient là, passant d’une scène à l’autre, découvrant l’univers musical de l’autre, brisaient des préjugés.

Ces instants étaient porteurs d’un grand espoir. Parce qu’enfin, toute une partie de la population jusque là invisibilisée était sous le feu des projecteurs et pas du tout de façon anecdotique. Le racisme existait toujours, mais on pouvait espérer que cette visibilité, cette banalisation de la langue arabe dans la radio, cette popularité de cultures jusqu’alors inconnues ou méprisées le feraient reculer. Et je crois bien qu’il reculait vraiment, au moins un peu.

Au-delà de la musique, les luttes pour les droits des sans-papiers avaient bien plus de visibilité. Et s’ils se faisaient expulser à coups de hache et de matraques, en pleine grève de la faim, ci d’une église et là d’une bourse du travail, au moins ça n’était pas dans l’indifférence. Leurs soutiens étaient divers et nombreux. On croisait alors souvent l’abbé Pierre ou Albert Jacquard, Ariane Mouchkine ou Emmanuelle Béart sur le terrain. Le soutien populaire était réel. Et parfois, des régularisations étaient obtenues en nombre. Alors l’espoir renaissait pour tous les autres.

La fin du siècle dernier n’était pas une époque particulièrement joyeuse, il n’y a rien à y fantasmer, des gens tels que Pasqua ou Chevènement sévissaient et ça n’avait rien de drôle, mais c’était une époque qui nous laissait un espoir de changement.

Et puis le 11 septembre, le Patriot Act, les bombardements en Irak, et fatalement, le vieux fasciste borgne au deuxième tour de la présidentielle. Et l’espoir était mort, le raï disparu, et je n’oserais plus écouter Nusrat Fateh Ali Khan trop fort, ses « Allah hoo » sont devenus dangereux pour celui qui les écoute dans un pays qui a décidé que tout ce pan là de la culture devait retourner dans l’ombre.


Mon oncle raciste ou les électeurs du fascisme

Évidemment, comme tous les lendemains d’élection présidentielle depuis 2002, chacun y va de son analyse sociologique au doigt mouillé de l’électeur du parti fasciste. Et comme à chaque fois fleurissent les « tous fascistes ». Si seulement ça pouvait être si simple !

J’ai un oncle qui non seulement est un électeur de le Pen, mais encore a-t-il figuré sur une liste municipale d’un des caciques du parti dans une ville très pauvre du Nord. Est-il fasciste ? Honnêtement, je pense qu’il n’a ni la culture ni les moyens intellectuels d’appréhender la question. C’est un ouvrier à la retraite, si pas analphabète en tout cas illettré, ayant eu une fin de carrière compliquée par une maladie grave, avec une minuscule retraite. Il a beaucoup d’enfants, aucun n’a accédé ne serait-ce qu’au bac. Le plus diplômé a un CAP, les autres bidouillent dans les coins, font un peu d’interim complété par des déclarations pas toujours honnêtes concernant les aides sociales, parfois avec des activités encore plus illégales. Enfin, pour les garçons : les filles se marient très jeunes et ne travaillent pas. Tous sont grossiers, aucun n’a une maîtrise correcte de la langue – et c’est pire pour la génération des petits-enfants. Sa femme n’a jamais travaillé. Ils ne sont jamais partis en vacances. Ils sont très endettés, d’autant qu’ils sont victimes d’une société de consommation qui fait croire aux gens qu’ils n’existent que par ce qu’ils possèdent.

Comment un gars comme lui se retrouve sur une liste avec une figure nationale du parti fasciste ? Eh bien justement parce que c’est un bidouilleur. Il connaît tout le monde – de toutes les couleurs – et tout le monde le connaît, parce que s’il est plein de défauts, ça n’est pas non plus un égoïste, au contraire. Il peut tenir des propos immondes à l’égard de plusieurs catégories de la population et dans la minute qui suit passer sa journée à rendre service à un des membres d’une de ces catégories sans jamais être capable de voir la contradiction. C’est quelqu’un qui va répéter partout qu’il y en a marre des gens qui fraudent les allocations sociales en ne se rendant même pas compte que c’est exactement ce que font ses propres enfants. Ça n’est pas un idéologue. Il ne sait même pas ce qu’est une idéologie, et je vous assure que je n’exagère en rien. Mais c’est un type que le cacique est venu voir pour lui déverser tout un tas de compliments sur lui, son travail et sa famille. C’est un type qui n’« était rien », comme disait l’autre, et à qui on a proposé de devenir une figure sinon respectable en tout cas reconnue de sa ville. C’est un type aussi capable d’être gentil que bête, un gars facile à manipuler pour quiconque a une vague aura nationale et une maîtrise correcte du français. Et tout cela se déroule dans une des premières villes désindustrialisées et abandonnées par l’État, une des villes où la proportion de bénéficiaires du RSA est la plus élevée, avec un chômage énorme, des problèmes de santé publique gigantesques et un total abandon par ce que fut la gauche. Quand jadis le PCF et les syndicats proposaient des activités culturelles, sportives, d’éducation populaire, aujourd’hui, il n’y a plus rien, et certainement pas de l’espoir.

Fort heureusement pour tout le monde, cette liste a perdu. Et depuis, j’ai coupé les ponts, parce que j’ai beau savoir que ça n’est pas un homme mauvais, j’ai beau savoir qu’il aurait choisi n’importe quel camp qui lui aurait promis un peu d’importance symbolique, la multiplication de ses propos racistes est devenue insupportable. Mais je ne pourrai jamais le détester vraiment.

Est-ce que tous les électeurs du parti fasciste sont fascistes ? Je crois qu’une bonne partie qui reste à mesurer est juste paumée. Beaucoup de gens n’ont plus rien à espérer et plus grand-chose à perdre, et le premier vendeur d’idées pourries bien emballées qui passe fait recette.

On ne sortira pas de la situation politique dans laquelle se trouve le pays sans sortir tous ces gens de la galère, sans recréer des syndicats forts ni sans éducation populaire. Autant vous dire qu’il y a peu d’espoir qu’on en sorte. Mais n’en déplaisent aux gens qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est de vivre en se serrant la ceinture sans aucun exemple de réussite personnelle au sens communément admis sous les yeux, je reste persuadée que les électeurs des fascistes sont et restent les premières victimes des politiques qui ,après les avoir abandonnés, les a maltraités. Et les expressions du dégoût des bourgeois renforcent, élection après élection, leur adhésion aux populismes.


Abstentionnistes fascistes : ce refrain fatigant

La mascarade qu’est cette élection présidentielle n’aurait pu être complète sans le refrain habituel de l’entre-deux tour depuis 2002 : « si tu ne votes pas contre le fascisme alors tu es fasciste ».

A chaque élection, on feint de redécouvrir le danger fasciste en France. Dès le XIXe siècle, on a laissé s’installer la peste antisémite qui en était les prémices. Encore sous Léon Blum, peu de mesures ont été prises pour éviter l’expansion de ce genre de sous-pensées. Jusqu’à aujourd’hui, on a conservé des lois répressives mises en place sous Pétain.

Depuis des décennies, des lois de plus en plus répressives, de plus en plus axées sur la surveillance de masse, ont été votées avec fort peu de protestation populaire. Depuis les LSI/LSQ de Sarkozy, le petit refrain « pour votre sécurité » sert à verrouiller nos libertés.

Dans le même temps, quelques oligarques ont mis la main sur la majorité des médias privés. Les journalistes complaisants pour ne pas dire complices ont banalisé, année après année, les figures fascistes, ils en ont même créé une de toute pièce.

La gauche s’est droitisée comme l’ensemble du spectre politique jusqu’à en faire passer Mélenchon pour un extrême-gauchiste.

Et pourtant, voyez-vous, ce sont les abstentionnistes ou ceux qui voteront blanc ou nul qui sont les responsables du fascisme.

L’actuel président agit en monarque arrogant depuis cinq ans. Il méprise, il écrase, il appauvrit. Cinq ans d’un gouvernement qui passe de la bêtise crasse aux conflits d’intérêt, cinq ans d’entre-soi ayant battu tous les records précédents, des affaires à n’en plus finir, cinq ans de violence comme seule réponse à la détresse populaire, d’explosion des incarcérations, d’état d’urgence qui n’en finit plus et de mépris, encore, chaque jour.

Alors c’est vrai : le fascisme ne serait en aucun cas une amélioration, et surtout pas pour les classes populaire. Nous passerions d’un régime autoritaire oligarchique au fascisme, rien de réjouissant.

Sur l’échelle des responsables de la fascisation du pays, l’actuel président est, si pas premier de cordée, en tout cas bien placé. Les abstentionnistes n’y sont pour rien. Aurait-on exigé en d’autres circonstances qu’ils votent le Pen pour éviter Zemmour ? C’est la nature du choix qu’on exige qu’on fasse.


Un convoi et des distributeurs de bons points

S’il semble assez logique que la sociologie, en tant que discipline capable de mettre en lumière les inégalités d’une société, ait été investie par nombre de militants de gauche, il est plus difficile à comprendre pour quiconque accepte de faire preuve d’un micro-chouïa d’honnêteté intellectuelle qu’elle soit absolument absente des questionnements quand on est face à un mouvement populaire qu’on ne peut pas classer à gauche sous quelqu’angle qu’on le regarde.

Voilà donc quelques milliers de personnes qui s’impliquent dans ce qu’elles ont nommé « le convoi de la liberté » avec un gloubi-boulga indétricotable de revendications plus ou moins légitimes, et immédiatement quelques figures vaguement de gauche et un nombre considérable de plus ou moins bourgeois des réseaux habituellement prompts à en appeler à la sociologie se mettent à vomir leur mépris partout à l’égard de ces personnes. En tête, la distributrice de bons points de pensée correcte, l’animatrice de radio de service public Sophia Aram, a qualifié cette action de « convoi des teubés », hashtag immédiatement repris par tous les autres distributeurs de bons points. Pourrions-nous s’il-vous-plaît être sérieux quelques minutes ?

Tout d’abord, avant de tirer quelque conclusion que ce soit, qui sont ces gens ? Dans quelle catégorie sociale se situent-ils ? Cette situation a-t-elle évolué avec la pandémie et comment ?Quel âge ont-ils ? Quel est leur niveau d’éducation ? Autant de questions qu’on se pose volontiers, et à juste titre, quand une banlieue explose, pour comprendre la réalité profonde du phénomène, au-delà de ces manifestations subites de violence. Autant de questions qu’on doit se poser si on prétend vouloir retrouver un peu de sérénité dans ce pays. En découvrant le flot de rage contre ces « convoyeurs pour la liberté », je ne peux m’empêcher de penser à l’immonde sortie de Valls qui expliquait que chercher à comprendre c’est déjà excuser. Aram, ses suiveurs et Valls : même combat.

Comme on ne dispose pas immédiatement d’étude et qu’il n’est même pas sûr qu’il y en aura un jour, nous allons devoir nous contenter de ce qui est empiriquement observable. Il est évident que des précaires n’ont pas de camping-car – ou alors ils vivent dedans – et n’ont pas les moyens de cramer du pétrole pour quelque chose de non-immédiatement vital. Il est donc probable que nous soyons plutôt face à un mouvement de classe moyenne. Or, il n’aura échappé à personne que l’on tend dans ce pays vers un affaiblissement des classes moyennes. Les revendications formulées des personnes qui ont pris la route en ce week-end de février ont beaucoup moins d’importance que le sous-texte. Et si on veut bien se donner un peu la peine de lire le sous-texte, nul besoin d’avoir inventé l’eau tiède pour palper le sentiment de déclassement. C’était déjà le cas pour nombre de « Gilets Jaunes », ils n’ont pas été entendus, leur situation s’est aggravée, il fallait s’attendre à un retour de cette population sur la scène des luttes.

Chiffres de 2017, pré-pandémie, donc.

Outre un mépris de classe immédiatement lisible à l’encontre de ces personnes – on pouvait lire, sur Twitter, nombre de qualificatifs ne laissant aucun doute à ce propos (« pécores », « bouseux » …) – on découvrait une certaine unanimité d’autres qualificatifs idéologiques : Qanon, en référence aux envahisseurs américains de Capitole, fascistes, complotistes.

Un tweet parmi des milliers.

Il me semble que ce mouvement est effectivement le pendant français de Qanon, il est évident qu’on y entend nombre de discours complotistes, mais je doute qu’il y ait tant de vrais idéologues fascistes dans cette masse de gens. Mais Aram et ses suiveurs finissent de les pousser dans les bras fascistes, il y a peu de doute à ce sujet.

Si nos convoyeurs sont si semblables aux militants Qanon américains, c’est sans doute parce que les mêmes causes ont tendance à produire les mêmes effets : la classe moyenne provinciale est, dans les deux pays, globalement oubliée sauf quand elle est méprisée par les politiciens autant que par nombre de médias. Nombre de ces personnes, de surcroît, n’ont pas pu suivre les transformations du monde. Tout est allé trop vite, la mondialisation a tout transformé, nombre de gens peinent à savoir encore qui ils sont, quelle est leur place dans ce monde et on s’étonne que ça se passe mal. Quant au complotisme et au déni de sciences, il conviendrait, surtout de la part de Mme Aram et de ses suiveurs, de cesser de se foutre de la gueule du monde. France Inter, la radio ou sévit Mme Aram, donc, n’a de cesse depuis des années de nier la science. Pendant près d’une décennie, on a pu se demander si l’anthroposophe Pierre Rabhi n’avait pas une chambre à la maison de la radio tant il était souvent invité, et je ne compte plus le nombre de fois où les émissions pseudo-scientifiques du service public ont fait de la retape pour l’homéopathie et autres pseudo-sciences. Et que dire des médias privés qui, en particulier depuis le début de la pandémie, déroulent le tapis rouge à tout ce que ce pays compte de charlatans ? Et oh mon dieu, les gens ne croient plus en la science, quelle surprise ! Puisque tout a été fait pour, et si l’on doit s’en prendre à quelqu’un, qu’au moins ce soit aux vrais responsables. Et si l’on voulait être absolument honnête, on se questionnerait également sur la transmission des bases scientifiques par l’Éducation Nationale : nous n’en serions pas là si le boulot avait été fait en amont.

C’est tout de même fascinant de voir ceux qui ont participé à nourrir ce déni de sciences pousser des cris d’orfraie maintenant qu’ils ont réussi à l’implanter dans le cerveau des gens.

Est-ce que ces convoyeurs sont fascistes ? Je n’en sais rien, mais je doute que nous ayons là affaire à des idéologues. Par contre, il y a un fait qui est certain : le fascisme attire toujours à lui ceux qui ont un sentiment de déclassement et ceux qui se sentent humiliés. Le sentiment de déclassement pré-existait, voilà que « le convoi des teubés » enfonce le clou de l’humiliation.

Enfin, depuis les Trente Glorieuses, on ne forme plus dans ce pays des citoyens mais bien des consommateurs, et il serait reposant qu’au moins on cesse de jouer les surpris face au recul du civisme.

Je ne soutiens pas particulièrement ce « convoi de la liberté » ne serait-ce que parce que je ne soutiendrai jamais personne qui crame du pétrole pour quelque chose de non-vital. Néanmoins, je me refuse à proférer le moindre mépris à l’égard de gens qui sont pris dans une spirale qui les dépasse, et je constate qu’ils ont au moins su apporter au pays des formes de luttes autrement plus visibles que les manifs à papa qui n’ont plus aucune sorte d’utilité (coucou les enseignants), et plutôt que de leur cracher dessus, on pourrait en retenir cette leçon.

Que ça nous plaise ou non, ces gens sont nos compatriotes, ils sont en souffrance et je ne me permettrai pas de discuter de la légitimité de cette souffrance. C’est toujours abject de remettre en cause la souffrance d’autrui. Enfin, l’anti-fascisme n’a jamais consisté et ne consistera jamais à pousser les paumés dans les bras des fascistes. Malheureusement, je ne doute pas une seule seconde que les distributeurs de bons points ne chercheront pas à comprendre, et continueront à participer à nous préparer un avenir brun pourri.


Une seule pièce de puzzle

Dans la radio de service public, une présentatrice qu’il m’est impossible de nommer journaliste, annonce, presque sur le ton que j’emploierais si je découvrais comment sauver le climat, qu’une entreprise innovante a trouvé un moyen de fabriquer des briques décoratives à partir des vêtements neufs jetés par les vendeurs de fringues, lesquels se montrent ravis d’acheter ces briques tant pour décorer leurs boutiques que pour prétendre œuvrer contre le gaspillage.

Et de nous vendre ça comme un truc écologique. Et mon cerveau de hurler de désespoir.

Je ne sais pas comment les choses se structurent dans la tête des autres. Mais il semblerait que bien des gens regardent une seule pièce du puzzle et en tirent les conclusions définitives qui les arrangent. Ici : « on a sauvé des fringues jamais portées du gaspillage ». Dans ma tête, ça ne fonctionne absolument pas comme ça.

Si on me parle de fabrication de vêtements, je commence par penser à la culture du coton, effectuée par des quasi-esclaves, sur des terres qui dès lors ne servent pas à produire de la nourriture – on parle tout de même de 2,5 % des terres cultivables mondiales, avec des quantités d’intrants, dont de glyphosate, absolument déraisonnables – 10 % des herbicides sont utilisés pour la production de coton- , avec des systèmes d’irrigation qui sont en train d’assécher de vastes régions – 8000 litres d’eau pour produire un seul jean.

Il y a ensuite l’industrie du vêtement qui utilise tout un tas de produits rigolos : chlore, ammoniaque, soude, acide sulfurique, métaux lourds, formaldéhyde, solvants … Autant de chimie dont la production et l’utilisation ont un impact non négligeable sur l’environnement. Et évidemment, de la production du coton à la fabrication des vêtements jusqu’à leur transport : l’industrie du vêtement consomme une blinde d’énergie.

Mais mon cerveau ne s’arrête pas aux impacts environnementaux : encore faut-il qu’il se souvienne du Rana Plaza.  Le 24 avril 2013 s’effondrait le bâtiment du Rana Plaza, à Dacca, capitale du Bangladesh, provocant la mort de 1127 ouvriers de l’industrie textile, mettant en lumière la politique immonde de l’industrie du vêtement. Sur toute sa chaîne de production, on trouve aussi des enfants au travail.

Je visualise encore ces gigantesques cargos sillonnant les mers à grand renfort de pétrole, ces containers qui tombent régulièrement à la mer, ces marées noires potentielles.

Je vois plusieurs pièces du puzzle, j’ai conscience pourtant qu’il m’en manque beaucoup d’autres, et j’entends une présentatrice enjouée, payée avec de l’argent public censément pour l’édification des masses expliquer que tout va bien : on fait des briques décoratives avec la sueur d’enfants, des herbicides, l’eau de populations entières, et ça n’est dès lors plus du gaspillage.

Le pire, c’est que le soir, j’ai regardé une vidéo qui vantait le développement des éoliennes marines et que le discours était quasiment le même : on peut faire sans terre rare alors ça va. L’extraction de cuivre est en train de pourrir l’eau du Chili, mais on s’en fout. En Europe on n’enterre pas les pâles, on en fait du ciment ou on les brûle, alors ça va. Quel est l’impact à long terme de la présence de matériaux composites lors de la dégradation du ciment ? On s’en fout. La durée de vie courte des éoliennes, on s’en fout. Brûler des matériaux composites, on s’en fout. L’essentiel, c’est qu’à un instant t ça crache assez d’électricité pour qu’on ne réfléchisse surtout pas à commencer à faire baisser les consommations.

Une seule pièce de puzzle : celle de maintenant-tout de suite.

Et pourtant, l’équation est en réalité d’une simplicité enfantine : la seule chose qui ne pollue pas, c’est ce qu’on ne produit pas. Tout le reste est un leurre.


La ministre, le virus et l’hôpital

Dans le genre casse-gueule, la gestion de crise face à un virus en vadrouille, ça se pose tout de même là.
Pour rien au monde je ne voudrais être responsable des décisions à prendre : qu’on agisse ou pas, il est absolument impossible de prendre une décision parfaite.

En 2009, Bachelot en avait pris plein la tronche avec la gestion du H1N1. L’OMS préconisait alors « de vacciner, par ordre de priorité, les catégories suivantes de la population : les femmes enceintes, les enfants de plus de 6 mois atteints d’une affection chronique grave; les personnes en bonne santé âgées de 15 à 49 ans; les enfants en bonne santé; les adultes en bonne santé âgés de 50 à 64 ans et les adultes en bonne santé âgés de 65 ans et plus.  » Au fond, Bachelot n’a fait que se conformer à ces recommandations. Tant mieux pour nous, pas de bol pour elle : le virus s’est avéré bien loin d’être celui qui remplacerait la grippe espagnole dans les annales. Mais si l’OMS ne s’était pas trompée ?

Hier, Buzyn disait que le risque était quasi-nul de voir le coronavirus en France. Elle s’appuyait pour ça sur une étude de l’Inserm qui évaluait le risque qu’un patient infecté par le nouveau coronavirus arrive en France était de 5% à 13%. Ces calculs ont été faits à l’aide d’un modèle d’évaluation statistique basé sur le trafic aérien. Aucun outil statistique ne saurait être parfait, la preuve : quelques heures plus tard, trois personnes s’avéraient infectées en France.

Quand l’ombre (fort palote dans le cas de ce nouveau virus) d’une possible pandémie se pointe, l’OMS a toutefois une recommandation systématique : « préserver l’intégrité du système de soins et des infrastructures essentielles ». Et ça, ça n’est possible que sur un système hospitalier sain et fonctionnel.
Je ne taperai pas sur Buzyn pour la gestion de cette crise : aucun humain ne sera jamais capable de prendre des décisions irréprochables face à l’inconnu. A l’impossible nul n’est tenu. Par contre, ce qui démultiplie les risques en cas de pandémie, ça n’est pas la réaction immédiate d’un ministre à une crise ponctuelle, c’est l’état général du système de santé du pays. Buzyn ne nous met pas en danger parce qu’elle fait une déclaration foireuse qui par ailleurs ne s’appuie pas sur du vent, elle nous met en danger parce qu’elle finit de détruire un système de santé déjà trop dysfonctionnel pour gérer un flux normal et donc absolument inadapté pour le jour où survient une crise.


Journaliste militant

Un journaliste a été arrêté parce qu’il avait tweeté la localisation de not’bon roi. Et voilà que sur les réseaux sociaux, une foule se lève pour crier haro sur le dit journaliste qualifié de « militant » comme s’il s’agissait d’une injure.
Je me demande combien de gens ont pris le temps de lire quelques écrits de Albert Londres, dont personne ne penserait à contester qu’il fut un grand journaliste. De toute évidence : pas grand monde.

Albert Londres ne négligeait pas de s’enquiller de la gnôle avec les pires mafieux des bas fonds allemands, à traîner dans les fumeries d’opium en Chine et à s’accoquiner de tout un tas d’individus fort peu recommandables, même selon les normes de l’époque. Il utilisa son travail de journaliste et sa notoriété pour militer pour la fermeture des bagnes. Il a bruyamment pris parti pour un forçat condamné à tort et il milita tant et si bien que l’homme fut réhabilité. Il a milité pour un traitement humain des personnes internées en psychiatrie. Il a milité pour qu’on cesse de contraindre des femmes à la prostitution. Il milita pour qu’on cesse d’exploiter les Africains comme les derniers des bourrins sur la construction des lignes de chemin de fer dans les colonies africaines. Albert Londres a été l’un des inventeurs du concept même de journalisme moderne. C’était un grand, un très grand reporter à une époque où il ne suffisait pas de sauter dans un avion pour aller voir ce qu’il se passe en Chine ou de déblatérer sur un plateau pour être considéré comme journaliste. Et pardonnez le vocabulaire, mais c’était un putain de militant qui a participé à construire un monde un peu moins pire.
Alors, vraiment, ces gens qui braillent « bouh méchant militant », s’il vous plaît : fermez-là. Mais vraiment. Fermez-là et allez vous construire un début de culture générale qui vous permettra d’appréhender les enjeux avec un chouïa plus de hauteur. Parce que là, on a juste envie de vous coller des coups de tête.


Le Guide de survie de Bernard Arnaud

J’en ai quelques-uns dans ma collection, des guides de survie. Mon préféré date des années 80 et a été écrit par ancien gars des forces spéciales britanniques. Non, pas celui de la télé. C’est rigolo à lire.
Au sommaire, on trouve les différents terrains auxquels on peut être confronté : régions polaires, montagnes, littoraux, îles, déserts et régions tropicales. J’ai bien cherché, je n’ai trouvé ni métro, ni RER, ni périphérique. Heureusement que le Parisien publie une mise à jour !
Il y a un chapitre pour se nourrir. On y parle calories, mais aussi plantes comestibles et toxiques, champignons, algues, pêche, chasse, pièges et braconnages. J’espère que le Parisien a bien pensé à mettre des dessins pour expliquer comment poser un collet et surtout où le poser, parce que ça n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire et les pauvres usagers du métro pourraient mourir de faim bien avant d’avoir réussi à choper leur premier rat !

Je pense que le chapitre « se déplacer » intéressera beaucoup les Parisiens, voici donc les conseils de M. Wiseman (sans déconner, c’est vraiment son nom, c’est dire s’il est de bon conseil !) : « Une reconnaissance prudente peut s’avérer nécessaire pour choisir l’itinéraire le plus sûr qui n’est pas forcément le plus évident ni le plus rapide. Les groupes doivent être organisés en fonction des moins valides. Les cours d’eau constituent souvent les routes les plus faciles pour progresser vers la sécurité s’ils semblent navigables et si vous êtes capable de construire un radeau. » Donc voilà : pas la peine d’acheter le journal de Bernard Arnaud : la Seine ne passe pas loin de la Défense : allez-y en radeau, conseil de pro !

J’ai bien regardé le chapitre sur les catastrophes. On y trouve : sécheresse, incendie, gaz et produits chimiques, inondations, avalanches, ouragans, tornades, foudre, tremblement de terre, volcans, radiations et explosion nucléaire. Preuve que cet ouvrage est fort incomplet : aucun chapitre sur les grèves, ça n’est vraiment pas sérieux !

Néanmoins, comme le précise l’auteur : « vous pouvez vous retrouver isolé n’importe où dans le monde, des glaces de l’Arctique aux déserts, de la forêt tropicale à l’océan » (et dans Paris un jour de grève, donc). « Chaque situation implique la mise en œuvre de techniques de survie spécifiques. (…) Le lecteur demeure seul juge de l’application des méthodes indiquées dans ce livre. L’apprentissage des techniques peut être en contradiction avec la législation en vigueur. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un manuel de survie et que les risques à prendre n’ont rien de commun avec ceux qui résultent d’une situation normale. »

Le Parisien ne vous le dira certainement pas, mais face à une situation aussi dramatique qu’une grève, ne perdez pas de vue que maintes fois dans l’histoire des gens ont pu survivre en pratiquant l’anthropophagie. Il faut ce qu’il faut pour survivre.


Chroniques du Monde Normal (saison 2)

Voilà quelques années que nous n’avions plus visité le Monde Normal mais pris de curiosité – ou de nostalgie – nos courageux observateurs y sont retournés ! Le Monde Normal a visiblement changé très vite, et toutes les petites choses qui nous dépassaient déjà se sont multipliées.

Nous allons donc, ces prochains mois, remettre à jour notre Guide du Monde Normal à l’usage de celles et ceux qui souhaiteraient s’y rendre. Néanmoins, si vous souhaitiez y aller avant la parution de ce Guide, nous vous appelons à la plus grande prudence. Nos observateurs sont revenus entiers mais épuisés et leurs récits encore un peu décousus ont fait frémir la rédaction. Le Monde Normal semble être traversé d’un grand nombre de flux contradictoires engendrant une certaine véhémence chez ses habitants. Évitez donc les voyages mal préparés en ces lieux.