Le Destin miraculeux d’Edgar Mint – Brady Udall

9782264054425

Il m’est arrivée de voir un roman qui commençait par « Le soleil se leva à l’est ». Devant l’usage abusif de ce lieu commun en introduction, je me suis refusée à aller plus loin. En ouvrant Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, j’ai lu :  » Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j’avais sept ans quand le facteur m’a roulé sur la tête ». Cette accroche fort peu commune m’a immédiatement plongée dans l’univers tragi-comique de Brady Udall.

Cette œuvre a des saveurs de triste épopée contemporaine. Nous suivons l’histoire d’un enfant né dans une réserve indienne sordide, abandonné par son père – perdant invétéré – avant même d’être né, négligé par une mère alcoolique, évoluant du statut de miraculé dans un hôpital à celui de sous-être dans un internat quasi-carcéral, recueilli un temps chez les mormons et devant faire face tout au long de son parcours à des choix d’adultes, seul et démuni. Son parcours croise celui de personnages pas mieux lotis que lui, qui le prennent toutefois en affection, pas toujours pour de bonnes raisons. Tout est triste, pourtant l’auteur réussit à rendre l’ensemble tout à fait supportable : c’est l’enfant qui parle, son regard naïf malgré tout transforme ce qui aurait du être un drame social en une aventure extraordinaire.

Dans ce livre, tout le monde est paumé, misérable, triste et seul. Mais il n’y a pas une seule ligne de misérabilisme. C’est tout le génie de Brady Udall, digne représentant de la littérature américaine contemporaine : un auteur à découvrir et à suivre.

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


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