Le Minotaure 504 – Kamel Daoud

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Sans être une spécialiste de la littérature algérienne, je n’en suis pas non plus à mon premier roman francophone d’Algérie et à chaque découverte d’une nouvelle œuvre, je suis de la même façon marquée par la violence, le cassant des mots.

Alors que la littérature française contemporaine se complaît dans la reproduction à l’identique, ou presque, d’histoires sans âme dégoulinantes de bons sentiments, Kamel Daoud tranche dans le vif de son propre pays avec la parfaite maîtrise d’une langue que Yacine Kateb considérait comme une prise de guerre. On découvre un pays désabusé, désœuvré, engoncé dans un passé pas si glorieux, où les anciens pérorent sur la guerre de Libération sans égard aucun pour la nouvelle génération qui ne l’a pas vécue. On comprend entre les lignes pourquoi ce pays accepte un président fantoche et fantôme sans broncher, pourvu qu’il soit de ceux qui ont jadis combattu les colons. On palpe l’impossibilité pour la jeunesse de construire un avenir qui ne soit pas dicté par ces vieux qui ressassent encore et encore leurs faits d’armes réels ou fantasmés, dépassés qu’ils sont par l’avancée du monde.

En quatre nouvelles, on cerne les grandes lignes de la psychologie d’un peuple : Le Minotaure 504 est une œuvre courte mais percutante, sans concession ni mièvrerie. Celles et ceux qui connaissent déjà les articles de presse de Kamel Daoud ne seront pas surpris de sa liberté de ton, celles et ceux qui ne sont pas encore des lecteurs assidus de ses chroniques ne manqueront pas, après la lecture de ce livre, de s’y pencher sans être (trop) surpris de son non-alignement face aux pensées dominantes.

Voilà en tout cas un auteur dont je n’oublierai pas le nom et dont je guetterai les prochaines publications.

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


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