La neige noire d’Oslo de Luigi Di Ruscio

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La neige noire d’Oslo, contrairement à ce qu’annonce sa couverture, n’est pas un roman, au sens où il ne s’agit pas d’un récit imaginaire. Il n’y a ni début, ni fin et encore moins quelque chose s’approchant d’une quelconque construction. Imaginez qu’on puisse brancher une machine à écrire directement sur le cerveau d’un auteur : c’est de ce résultat hypothétique que s’approche le plus ce livre.

En effet, on découvre ici les divagations plus ou moins intellectuelles de Luigi Di Ruscio. Il décrit son émigration, ses engagements politiques, sa vie quotidienne à l’usine et avec sa famille, sa perception de la religion, son mépris des critiques littéraires et son rapport à la poésie : tout cela s’entremêle, se nourrit et se répète. Et elles sont nombreuses, les répétitions ! Des phrases, parfois des paragraphes entiers, reviennent à l’identique, ou peu s’en faut, comme si l’auteur ressassait ou radotait.

Di Ruscio parle ici essentiellement de lui, et il est difficile d’éprouver une quelconque empathie à son égard. Il se montre souvent méprisant, cynique. Il semble persuadé que d’être ouvrier et poète fait de lui une personne supérieure, ou du moins le ressent-on ainsi, à tous les autres auteurs de poésie. Il se décrit comme un partisan de la libération des femmes, il répète aimer la sienne, et pourtant, sa façon de parler d’elle est pour le moins insupportable. Est-ce que cette logorrhée était destinée à soulager l’auteur ou à être lue ? Ou peut-être n’ai-je pas réussi à percevoir l’humour annoncé par la quatrième de couverture ?

Nous avons dans La neige noire d’Oslo un narrateur antipathique et un récit décousu. Les premières pages déconcertent, pourtant Di Ruscio réussit à nous emmener jusqu’à la dernière page car, malgré tout, le style est unique et quoique l’ensemble soit déconcertant, on ne peut y rester indifférent. Les partisans de la lutte des classes et les pourfendeurs de patrons y trouveront sans doute leur compte.

 

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


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