Kojot / Prédateurs : film hongrois fatigant

« Oh tiens, un film hongrois, je n’ai jamais vu de film hongrois, voyons à quoi ça peut ressembler » me dis-je en voyant passer Kojot, Coyote en hongrois mystérieusement traduit par Prédateurs en français. Je ne sais pas si je regarderai encore un film hongrois tant l’expérience a été épuisante.

Pour l’histoire, c’est un jeune employé de banque qui hérite de la maison et du terrain à la campagne d’un grand-père qu’il connaissait à peine alors que lui et sa compagne viennent d’apprendre que l’enfant qu’elle portait est mort. Il décide donc – oui, au singulier, elle ne décide de rien – de s’installer dans cette maison et très vite, les locaux lui font comprendre qu’il a intérêt de vendre au gros propriétaire terrien du coin et à se casser. Une histoire assez proche d’un western, un eastern, donc : pourquoi pas.

Sauf que… Je suis sûre d’une chose : le film n’a pas été financé par l’office de tourisme hongrois, car si les Hongrois ressemblent à ceux du film, c’est une sacrée bande de dégénérés. Avant même la première image, on entend des bruits de bagarre, la dernière image est celle d’une destruction, et entre les deux, les protagonistes ne feront que s’insulter et se taper dessus – et une bagarre de cinéma américaine est rudement propre et douce en comparaison – sauf quand ils préfèrent cogner sur un chien. Et n’allez pas penser que le film chercherait à dénoncer quoi que ce soit, les jugements moraux on les trouve ailleurs et ça pique.

Ainsi, quand la compagne de notre « héros » découvre à l’échographie que le cœur du fœtus qu’elle porte ne bat plus et que les médecins vont intervenir pour le sortir de là, sa seule question sera « mais vous-êtes sûr que ça n’est pas un avortement ? ». Ah ben oui, je vous avais prévenu : ça pique. Plus loin dans le film arrive un groupe d’investisseurs suédois. Tous noirs. Si le ton général relevait de l’humour, on aurait pu accorder au film une blague pour le moins maladroite. Mais on parle de la Hongrie et de son rejet de l’accueil des réfugiés et de la Suède qui elle a ouvert ses frontières. On a là une mise en scène pourrie de l’idée de grand remplacement et ça fiche sacrément mal à l’aise. Et ça n’est pas fini. Le « héros » insulte sa compagne, la frappe, la viole, elle arrive enfin à se barrer, et happy end machiste au dernier degré, elle revient vite presque en s’excusant.

Le seul personnage du film qui ne passe pas son temps à insulter et à cogner tout le monde est présenté comme un gitan. Un marginal, donc. D’ailleurs c’est un taiseux, il n’est là que pour travailler et on comprend bien dans le récit que lui n’est quand même pas très normal.

Le pire dans tout ça, c’est que techniquement, le film est bien foutu. Rien à redire sur la lumière, les couleurs, les moyens sont là et le réalisateur connaît son boulot. Mais le contenu est absolument épouvantable. Je suis arrivée au bout du film épuisée et pleine de courbatures. Il y a forcément de chouettes gens en Hongrie, il n’y a aucune raison qu’il n’y en ait pas, mais il semblerait que la fierté nationale s’appuie sur la capacité à mettre et à encaisser des torgnoles. En tout cas, c’est la conclusion de Kojot – Prédateurs. Je n’arrive pas à décider si je dois conseiller ou pas de le visionner. Si c’est une fenêtre sur une culture qu’on connaît peu, ça donne surtout envie de vite la refermer.

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


3 responses to “Kojot / Prédateurs : film hongrois fatigant

  • Nicolas Monfort

    Wow, ça a l’air gratiné, cette affaire.

    Il y a des trucs très bien dans le cinéma hongrois, mais rarement des feel good movies.

    Par exemple les films de Béla Tarr, qui sont plutôt contemplatifs, dans un noir et blanc magnifique et souvent portés par une musique envoûtante. Mon préféré est Kárhozat (Damnation, 1988) mais j’ai récemment vu Sátántangó (1994) que j’ai beaucoup aimé malgré son rythme plutôt lent et ses 7h20. Mais ce sont des films vraiment déprimants où il pleut tout le temps.

    Plus récemment, Taxidermia de György Pálfi (2006) s’est fait remarquer parce que déjanté et glauque et cradingue avec un humour noir bien tordu.

    Dans un style très différent, il y a Fehérlófia (Le fils de la jument blanche, 1981), un film d’animation basé sur un récit mythologique hongrois, qui ne ressemble à rien de ce que j’ai pu voir en animation. Magnifiquement psychédélique.

    Liza, a rókatündér (Liza, The Fox-Fairy, 2015), entre le conte et la comédie romantique (noire, parce que c’est hongrois faut pas déconner). Une histoire bien perchée pour un film assez plaisant et drôle.

    A tanú (Le témoin, 1966), une satire qui est passée à travers les mailles de la censure communiste pendant la production, mais une fois qu’ils ont vu le produit fini, ils se sont dit « oups » et ont promptement interdit le film pendant plus de 10 ans. Face au succès obtenu par le film à l’étranger, ils l’ont finalement sorti en Hongrie où il est devenu culte. C’est l’histoire d’un type complétement incompétent qui gravit les échelons du pouvoir communiste sans comprendre ce qui lui vaut ces honneurs. Plus il commet de bourdes, plus il prend du grade. Hilarant. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont fini par le sortir, parce que ça dénonce ferme.

  • Isabelle

    un seul mot…beurk

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