Ils ont nourri la France (mais pas que).

Voici ma récolte d’hier.

Un peu de contexte : la maison où je vis a deux siècles et demi d’existence. C’est une ferme qui est restée en activité jusque la fin des années 80, puis les terres ont été rattachées à une autre exploitation, sauf un hectare que, donc, j’exploite pour moi-même.

Sur cet hectare qui a toujours été une pâture se trouve mon potager, où je garde un seau à proximité quand je jardine car je sais qu’il y aura des petites cochonneries à ramasser. La récolte d’hier a été faite derrière la maison lors de l’installation d’une cuve d’eau. J’ai vaguement grattouillé la terre à la binette sur un mètre carré, et c’est de cette surface que j’ai extirpé tout ça. Il y avait aussi quatre mètres de tuyau rigide, une vieille antenne d’autoradio et un vieux câble de téléphone.

En dix ans, je ne compte plus ce que j’ai sorti des abords directs de la maison. Filtres à huile et tout un tas de petites pièces de tracteur des années 50/60, flacons d’antibiotiques vétérinaires, vieux tuyaux d’arrosage, bâches pourries, sacs d’engrais … Je regrette parfois d’avoir évacué au fur et à mesure et de ne pas avoir d’idée précise du volume, en particulier de plastiques. Mais « trop » me semble être une juste mesure.

Quand on creuse on ne retrouve des vestiges que de la seconde partie du XXe siècle. Il arrive à l’occasion qu’on remonte quelques petits tessons antérieurs, mais la seule époque qui ait laissé à ce point des ordures partout, c’est celle qui va de 1950 à 1990.

Les générations qui vivaient et travaillaient là à cette époque ont clairement craché à la gueule de l’avenir. Ceux qui viendraient après, ils n’en avaient strictement rien à cirer. Ceux qui vivent encore nous disent qu’ils ont nourri la France. Mais à quel prix ? Ils ont tout salopé sans vergogne – et je ne doute pas, puisque je trouve des filtres à huile qu’il y a alentours des sols bien pollués alors que je vis vraiment au milieu de nulle part.

Ce sont ces mêmes générations qui votent désormais contre une meilleure répartition des richesses, qui appellent les écolos des Khmers verts, qui veulent que nous travaillions jusqu’à un âge déraisonnable.

Ben non. Je ne vais pas me tuer à la tâche pour faire plaisir à une génération de gros porcs égoïstes, j’ai déjà trop à faire à nettoyer leur merde.

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


1 responses to “Ils ont nourri la France (mais pas que).

  • wilfrid

    Il ne faut jamais généralisé, à mon avis, il y a autant de paysans que d’individus, même si ce n’est pas tout à fait faux que dans les années 50/60 avec l’abondance les anciens se soient tout permis.

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