La Terre de la grande soif – Rachel de Queiroz

 

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La Terre de la grande soif est un classique au Brésil et un livre méconnu en France. Rachel de Queiroz est un auteur reconnu et primé dans son pays d’origine et il serait temps qu’elle le soit aussi de ce côté-ci de l’océan.

Le Nordeste brésilien a été et est toujours régulièrement ravagé par des sécheresses meurtrières. L’une de ces sécheresses, celle de 1915, constitue le cadre de ce récit en forme d’épopée de la misère. Publié pour la première fois en 1930, alors que l’auteur a tout juste vingt ans, on est d’abord frappé par l’immense maturité de cette œuvre de jeunesse. Certes ce roman est court, mais quelle densité ! En 180 pages, Rachel de Queiroz ne se contente pas de décrire la souffrance, la soif et la faim des réfugiés de la sécheresse : elle réussit aussi à décrire les rapports de subordination entre les classes sociales, entre les noirs et les blancs, entre les hommes et les femmes, les urbains et les ruraux. En quelques phrases, mais sans donner de leçon, elle questionne la place de la femme dans la société brésilienne de l’époque, montre la condescendance des plus aisés et les conséquences indirectes de la misère. Sa plume est concise, efficace et sans concession. La psychologie des personnages a beau n’être dressée qu’en quelques traits, ces êtres n’en sont pas moins palpables. Enfin, La Terre de la grande soif est d’une grande modernité. La question des réfugiés climatiques se posent plus que jamais aujourd’hui, la lecture de cette œuvre ne peut qu’amener à réfléchir sur la façon dont on doit s’en saisir si on ne veut pas voir les drames de ce récit se reproduire à l’infini.

Un mot enfin sur l’édition en elle-même : j’ai découvert cet ouvrage dans sa version numérique dont on ne peut que souligner la grande qualité. Une brève introduction nous permet de comprendre l’histoire et la géographie de la région dont parle La Terre de la grande soif, non qu’on passerait à côté du récit sans cet apport, mais ce « petit plus » est tout à fait appréciable. De surcroît, le choix des polices et la mise en page n’en rendent la lecture que plus agréable.

Anacanoa éditions est une petite maison indépendante, qui se veut une passerelle de diffusion de la littérature brésilienne en France, un choix éditorial à saluer pour beaucoup de découvertes en perspectives si tous ses ouvrages sont de cette qualité.

À propos de Tagrawla Ineqqiqi


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